L'un dans l'autre

L'un dans l'autre
Titre original:L'un dans l'autre
Réalisateur:Bruno Chiche
Sortie:Cinéma
Durée:855 minutes
Date:20 septembre 2017
Note:

Deux couples, Pierre et Aimée, et Eric et Pénélope, partagent tous les quatre plusieurs années d’amitié sans nuage. Seul souci, Pénélope et Pierre sont devenus amants… La situation devenant intenable, ils décident de rompre. Mais après une ultime nuit d’amour passionnée, le sort leur joue un tour : Pierre et Pénélope se réveillent chacun dans le corps de l’autre ! Pour protéger leur secret, ils se retrouvent chacun à devoir vivre la vie de l’autre. C’est le début des complications...

Critique de Mulder

Parmi les bonnes surprises de cette rentrée difficile, une bonne comédie fantastique a retenu toute notre attention et surtout montré une fois encore que le cinéma français peut aisément aborder intelligemment notre société sans sombrer inutilement dans la comédie de boulevard trop souvent récupérée à des fins mercantiles. Ainsi le nouveau film de co-écrit et réalisé par Bruno Chiche réussit non seulement à nous faire rire mais surtout à montrer toutes les imperfections des relations hommes/femmes dans notre contexte actuel.

Nous découvrons ainsi deux couples Pierre et Aimée, et Eric et Pénélope formés par deux amis qui travaillent dans la même société et dont l’un (Pierre) est devenu l’amant de la femme de l’autre. Cette relation pouvant se révéler problématique aussi bien dans les affaires de l’un et dans la volonté de vouloir adopter un enfant de l’autre va déboucher sur une étrange situation dans laquelle Pierre et Pénélope vont se retrouver suite à un phénomène de magie (dont on ne connaitra jamais l’origine) dans le corps de l’autre. Un tel postulat aurait pu sombrer dans la vulgarité voire une comédie de situation poussive et grossière. Pourtant le résultat que nous découvrons sous nos yeux se révèle être une comédie fantastique dressant un portrait plutôt juste des relations hommes et femmes et surtout des nombreux différences opposant ses deux sexes opposés.

Après Barnie et ses petites contrariétés (2001), Hell (2006), Je n’ai rien oublié (2011), Bruno Chiche nous livre à ce jour son film le plus abouti et surtout donne à chacun de ses comédiens suffisamment de matière pour camper des personnages intéressants et aux blessures certaines. En reprenant une thématique déjà utilisée dans plusieurs comédies américaines avec plus ou moins de succès, le body swap (l’échange de corps) comme Dans la peau d'une blonde (1991), Ce que veulent les femmes (2000), Freaky Friday (2003), le réalisateur réussit à trouver le bon dosage entre comédie romantique et film fantastique tout en traçant au vitriol une satire intelligemment troussée du sacro-saint du mariage. Parfaitement maitrisée, l’un dans l’autre ne connait aucun temps mort et surtout permet à ces quatre comédiens principaux de livrer une de leur meilleure interprétation.

On retrouve ainsi dans les rôles principaux l’irrésistible Louise Bourgoin (Pénélope), le surdoué des bons mots Stéphane De Groodt (Pierre), le jovial Pierre-François Martin-Laval (Eric) et Aure Atika (Aimée) qui signe là un retour plutôt réussi dans un rôle plus conséquent que ses précédents. On ressent aisément le plaisir qu’ont pris ces comédiens à jouer ensemble et à donner une juste tonalité à ces querelles de couples et surtout aux nombreux inconvévients d’être un homme ou une femme dans certaines situations. Une nouvelle fois Louise Bourgoin, ex miss météo de Canal + s’impose comme une comédienne aguerrie à la comédie et qui sait parfaitement se mettre en avant et à retenir toute notre attention .De la même manière alors que les personnages campés par Pierre-François Martin-Laval et Aure Atika sont plutôt sobres, le personnage interprété par Stéphane De Groodt se révèle être un véritable trublion capable de rivaliser aisément avec les comiques américains actuels.

Certes l’un dans l’autre ne révolutionne pas la comédie fantastique mais rempli aisément son cahier des charges qui est de nous divertir et surtout à faire passer quelques idées intéressantes sur la recherche d’un équilibre réel entre son travail et sa vie privée. Alors que que nombreuses comédiens ont tendance à s’enliser dans un cinéma commercial grand public mais sans réelle âme et volonté, ce film s’apparente à un échappatoire parfait dans ce contexte tendu et sans grand espoir pour un avenir meilleur.

Vu le 14 septembre 2017 à l’UGC Ciné-cité Bercy, salle 23

Note de Mulder: