Galveston

Galveston
Titre original:Galveston
Réalisateur:Mélanie Laurent
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:10 octobre 2018
Note:

1988. Les temps sont durs pour Roy, petit gangster de la Nouvelle-Orléans. La maladie le ronge. Son boss lui tend un guet-apens auquel il échappe de justesse. Une seule issue : la fuite, en compagnie de Rocky, une jeune prostituée. Deux êtres que la vie n’a pas épargnés. En cavale vers la ville de Galveston, ils n’ont plus rien à perdre… 

Critique de Mulder

A Mélanie,

Rares sont les comédiennes ayant franchi le pas pour devenir réalisatrice avec une telle réussite et une volonté de proposer un cinéma qui lui tient à cœur et non des productions commerciales sans profondeur, simple véhicule pour des comédiens adulés par le public. .

Impossible d’oublier la force de ces premiers films Les adoptés (2010), Respire (2014) et le documentaire qu’elle co-réalisa avec Cyril Dio Demain (2015). On attendait donc avec impatience sa première réalisation avec un casting américain composé de comédiens que nous adulons Ben Forster et Elle Fanning (on notera aussi la présence au casting de Beau Bridges, Maria Valverd et Lili Reinhart). Pour ce film nettement plus violent que ses précédents, elle donne vie au roman de Nic Pizzolatto (qui signe également ici le scénario) et nous livre le portrait d’un gangster malade dont le boss a essayé de lui tendre un guet-apens. De celui-ci, il repart avec une jeune prostituée pour un road movie intense qui les amènera vers la ville de Galveston et les fera affronter les horreurs d’un milieu corrompu dans lequel ils n’en ressortiront pas indemnes.

La mise en scène inspirée de Mélanie Laurent se ressent aux travers différents plans dans lesquels la beauté crépusculaire de la jeune Raquel Arceneaux (magnifique Elle Fanning) est confrontée à un milieu composé de personnes malsaines et s’entrechoque à un passé douloureux. Les liens qui vont unir Roy Cady et celle-ci donnent au film toute sa force. On reçoit ainsi les mêmes coups que subit cette jeune prostituée contrainte de connaitre les pires atrocités pour survivre. Cette innocence salie par la dureté de la vie nous touche et nous suivons avec grand intérêt la traversée de ces deux anti-héros dans l’Amérique profonde.

En retrouvant les racines et la force de l’âge d’or du roman noir, Galveston nous renvoie à cette génération sacrifiée n’ayant ni la chance d’être bien née, ni les moyens suffisants pour vivre décemment. Que cela soit ce petit gangster ou cette jeune femme, les deux sont destinés malgré eux à une fin tragique ne pouvant compter que sur eux et affrontant des forces qui les dépassent. La réussite du film revient à ce couple improbable que tout semble séparer et dont les liens vont se renforcer au fur et à mesure de leur escapade. La réalisatrice Mélaine Laurent capte à merveille la beauté des paysages, de cette Amérique éloignée des grandes villes et surtout donne à ces comédiens les moyens nécessaires pour donner de l’épaisseur à leur personnage. La dramaturgie de ce film se ressent d’autant plus par le grand soin apporté à la photographie et à un découpage parfait faisant de celui-ci aisément le film le plus réussi de Mélanie Laurent.

Galvary marque donc le passage réussi de Mélanie Laurent à un premier film international tourné en langue anglaise. Elle ne perd pourtant pas la force de ces précédents films et témoigne une nouvelle fois qu’elle est aussi bonne comédienne que réalisatrice. On est happé par le climat crépusculaire du film et on reste hanté longtemps après par une fin aussi troublante que fascinante. Les chemins qui mènent vers la rédemption peuvent être longs et mortels

Enfin, on notera que ce film sera présenté en avant-première ce dimanche 23 septembre dans le cadre du Los Angeles Film Festival et sortira dans les salles en France le 10 octobre prochain et aux Etats-Unis le 19 octobre. On ne peut que vous le conseiller tant le scénario, les deux comédiens principaux Ben Foster / Elle Fanning et la mise en scène inspirée de Mélanie Laurent font de ce film une réussite.

Vu le 9 septembre 2018 au Centre International de Deauville, en VO

Note de Mulder: