White Riot

White Riot
Titre original:White Riot
Réalisateur:Rubika Shah
Sortie:Cinéma
Durée:80 minutes
Date:05 août 2020
Note:

Royaume-Uni, fin des années 70, en pleine explosion punk : face à la montée de l’extrême-droite nationaliste et raciste, un groupe de militants choisit la musique comme arme. C’est l’aventure de Rock Against Racism qui, avec The Clash en première ligne, va réconcilier sur des rythmes punk, rock ou reggae les communautés d’un pays en crise.

Critique de Mulder

« J’ai commencé à travailler sur White Riot parce que j’étais curieuse de la montée de l’extrême-droite dans les années 70. J’en avais entendu parler, par bribes, par ma famille, confrontée au racisme parce qu’elle est d’origine asiatique. Ignorante de cette histoire récente, j’ai décidé de me lancer dans ce voyage. Je me suis toujours intéressée aux archives musicales et je suis tombée sur la performance des Clash au Carnaval Rock Against Racism. Je ne pouvais pas croire que ce mouvement avait existé à cette époque et que je n’en avais jamais entendu parler. Au milieu de toute cette haine, un mouvement de contre-culture avait vu le jour dans une petite imprimerie de l’Est de Londres. C’était un lieu pour que les jeunes partagent leurs points de vue. Ils croyaient en l’égalité - la musique, le punk, le graphisme étaient leurs armes » - Rubika Shah

Il y a un peu plus de quarante-deux ans aujourd’hui, le 30 avril 1978, plus de 100.000 personnes marchèrent contre le racisme à Londres, de Trafalgar Square à Victoria Park où un concert avec les plus grands artistes anglais les attendait. Le film White Riot raconte le parcours des activistes de Rock Against Racist, partant d’un fanzine dans leur garage jusqu’à l’organisation de concerts de sensibilisation dans toute l'Angleterre.

Grâce au club Jokers, nous avons eu la chance de découvrir cet excellent documentaire qui nous permet de nous replonger à la fin des années 70 et voir l’impacte qu’à eu un fanzine britannique sur des milliers de personnes. Alors que les propos en plein concert en aout 1976 d’Eric Clapton ont été jugés pour beaucoup racistes et ont mis le feu aux poudres, certains ont décidé de lutter contre la montée en puissance du racisme, c’est ainsi qu’est né la formation Rock Against Racism dot la réalisatrice Rubika Shah a décidé de mettre en avant dans son premier documentaire après de nombreux courts notamment White Riot : London (2017) qui a servi de point de départ à ce film.

Que cela soit un fanzine bricolé ou un concert mythique en présence notamment du groupe The Clash ce mouvement a compris qu’il fallait non seulement réagir pour démanteler la xénophobie et le sectarisme mais aussi donner à certains un moyen de s’exprimer librement et se battre contre certaines idées recues. Avant l’apogée d’internet et la diffusion facilité des informations, cette époque se révèle passionnante. Avec peu de moyens, beaucoup d’idées et des personnes importantes les soutenant, Rock Against Racism, a marqué la mémoire des britanniques et moins ceux des autres pays. Ce documentaire sert ainsi comme une véritable piqure de rappel.

La force de ce film documentaire vient de la jeune réalisatrice Rubika Shah qui a vu dans le mouvement Rock Against Racism des parallèles passionnants entre la musique, la politique, l’intégration et surtout a réussi à montrer que la musique ne connait pas de frontières. Comme fut assemblé artisanalement le fanzine de Rock Against Racism, la mise en scène de White Riot se veut simpliste et permet d’assembler plusieurs images d’archives mais avec un véritable sens du détail et du rythme.

White Riot montre une nouvelle fois ce que doit être un documentaire, non pas une succession sans fin d’interviews certes intéressantes mais révélé un véritable travail de recherches. En cela la réalisatrice Shah a trouvé une véritable inspiration personnelle à livrer un film documentaire qui sonne vrai et s’en dégage une véritable nostalgie dans laquelle la musique nous unissait tous en oubliant nos couleurs, nos origines et notre appartenance à une classe sociale. Dans cette triste période dûe à la pandémie de coronavirus, ce film nous rappelle le temps où nous pouvions aller à des concerts, être heureux et chanter ensemble des chansons en oubliant nos soucis personnels et professionnels. En cela White Riot s’impose non seulement comme un excellent documentaire mais aussi est un véritable plaidoyer contre le racisme, l’exclusion sociale et pour une liberté d’expression.

Il en sort une véritable immersion dans une période que nous n’avons pas connu et dans laquelle la musique était encore libre et sans contrainte. Comme le montrent si bien les paroles de certaines chansons de ce documentaire, un véritable message passait libremet. Si vous ne deviez voir qu’un documentaire cet été, aucune hésitation, c’est bien celui-ci

White Riot
Un film de Rubika Shah
Sur un scénario de Ed Biggs et Rubika Shah
Avec notamment Dennis Bovell, Joe Strummer, Kate Webb, Lucy Whitman, Mykaell Riley, Pauline Black, Poly Styrene, Red Saunders, Roger Huddle, Tom Robinson, Topper Headon
Produit par Ed Gibbs
Directeur de la photographie : Susanne Salavati
Musique : Aisling Brouwer
Production : Smoking Bear
Distributeur : The Jokers (France)
Date de sortie : le 5 août 2020
Durée : 80mns

Vu le 16 juillet 2020 au Club de l’Etoile, en VO

Note de Mulder: