Entre adultes consentants - Closer

Entre adultes consentants - Closer
Titre original:Entre adultes consentants - Closer
Réalisateur:Mike Nichols
Sortie:Cinéma
Durée:105 minutes
Date:19 janvier 2005
Note:
Larry, médecin, aime Anna, photographe, qui le trompe avec Dan. Alice, stripteaseuse, aime Dan, écrivain et manipulateur, mais le trompe quand même avec Larry. A un niveau extrême, deux hommes et deux femmes vont jouer le jeu pervers de la séduction et du désir. Alternant manipulations et trahisons, ils entament un diabolique chassé-croisé amoureux dont personne ne sortira indemne.
(Source Allociné)

Critique de Mulder

A Claire, Valérie et à celles qui m'ont donné des ailes quand je ne pouvais plus arriver à voler...

Closer, entre adultes consentants est l'adaptation cinématographique de la pièce de théâtre Closer, écrite en 1997 par l'auteur britannique Patrick Marber. Celui-ci s'est d'ailleurs chargé lui-même de la réécriture de son scénario pour le grand écran. Ce film disons le tout de suite n'est pas tout public car il est une dissection de la relation de couple. Plus précisément, il traite de la partie animale, manipulatrice et incontrôlée de chaque être. Ce qui fait mal et ce qui attise le feu ardent de la passion est traité dans ce grand film. Ce film est tout simplement exceptionnellement subtil et incisif.

Ce film est bouleversant, perturbant à la limite du traumatisant car il reflète notre société d'aujourd'hui. C'est une société dans laquelle la fidélité n'est plus qu'un idéal. Certaines scènes provoquent une remise en question sur ses propres valeurs ou ses croyances en l'amour de nos jours. Ce film provocateur, nous fait réfléchir tout en nous divertissant avec ses excellents acteurs et sa musique sensuelle. Par ailleurs, le film dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas et c'est sûrement pour cette raison qu'ils en choquent plusieurs. Closer n'est pas un film d'amour, mais plutôt une réflexion sur l'incapacité de plusieurs à s'engager. Ce qui est entre nous un des problèmes actuels de beaucoup d'entre nous, moi y compris.

Ce film qui n'est pas dans la tradition hollywoodienne; nous montre réellement sans fioriture une histoire d'adultes qui tentent de se démêler avec leur vie de couple assez compliquée et très typique de la vie moderne. Le jeu des acteurs tout en retenu est juste et les quatre protagonistes sont oscarisables (surtout Nathalie Portman malgré la scène culte qui fut coupée au montage). Les acteurs ont un jeu très intense, touchant et franc. Certes cette histoire profonde et complexe sur les relations amoureuses ne plaira pas à tout le monde. Le film étant tiré d'une pièce de théâtre, on ne va donc pas le voir en espérant de l'action. Les dialogues sont loin d'être vides, au contraire on boit chaque parole. L'intrigue est donc emphasé sur le dialogue, qui est très cru et ne comporte aucune censure. Cependant, certaines ellipses ajoutent de l'ambiguïté et obscurcirent certains aspects.

Pourtant, non seulement ce film est une image épatante de ce que tous les couples vivent réellement et ne se le disent jamais, mais en plus, les acteurs nous rendent réellement sensible à cet élément tabou d'une relation qui est le désir sexuel d'un autre. Au delà du désir, y a t'il vraiment une relation durable qui peut se construire... ? Ce film répond bien à la question

Avec ce film, je dois promettre de ne plus jamais dire que Hollywood ne pond que des films popcorn destinés à faire du fric au détriment de la qualité. Je dois donc promettre que je ne douterai plus jamais du fait indéniable que quelques fois ils nous surprennent avec un film hautement risqué, incluant un casting qui va forcément attirer un public disqualifié d'avance. Et finalement, je dois promettre de ne plus jamais mettre la faute sur Hollywood le fait que des histoires stupides sont mâchées et remâchées années après années pour être dégobiller devant un public tel un Bridget Jones 2, qui apparemment, en redemande. Maintenant, je souhaite ardemment ne pas devoir attendre l'année entière pour délecter mes yeux et mes oreilles d'un autre film de ce calibre. Qu'une contamination de ce type de film envahisse nos écrans, je le veux pour tous les cinéphiles et romantiques.

En conclusion, cet excellent film dresse un portrait sur la complexité des relations amoureuses. Son scénario est oscarisable et surtout les dialogues sont riches et ne font qu'alimenter des acteurs chevronnés, qui n'ont presque pas besoin de direction de la part du réalisateur. Chose certaine, on sortira de ce film avec beaucoup de questionnement sur le couple et son avenir dans la société d'aujourd'hui. Un film qui nous remet en question, c'est ce qui fait la beauté du médium qu'est le cinéma.

Vu le lundi 17 janvier à la séance de 19h45 salle 06 en vo au Gaumont de Disney Village

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Il est excessivement rare de voir la vilaine volatilité des sentiments faire l'objet d'un film au ton adulte, et encore moins d'un film pourvu de moyens conséquents. En effet, assister à des disputes vociférantes entre des acteurs à l'image soignée, tels Julia Roberts et Jude Law, relève dans ce contexte presque de la surprise. Et encore, la conception que nous offre ce film de l'amour, tellement loin des histoires à l'eau de rose et aux clichés formatés, se distingue par un trait qui cherche à tout prix d'imiter la réalité. Ainsi, personne parmi les quatre personnages est sans faute, mais leurs intrigues ont comme seul but l'accomplissement sentimental et sexuel, avec la déception et la trahison comme dommages collatéraux acceptables. Certes, cette quête d'une expression sans fard semble un peu trop forcée pour convaincre et faire oublier la mise en scène. Mais il n'en reste pas moins hautement jouissif d'entendre Julia Roberts, pratiquement la reine de Hollywood, décrire ses rapports sexuels dans des termes extrêmement crus.
Toutefois, les véritables porteurs du message de désespoir et de sevrage que cherche à transmettre le film sont les deux personnages secondaires, Alice et Larry. Alors que le couple de protagonistes se comporte presque comme des esclaves de leur coup de foudre, incapables de résister, les motivations des deux amants délaissés sont bien plus intriguantes, autant impressionnantes qu'effrayantes dans la froideur de leur calcul. Que dire de l'interprétation passionnante de Natalie Portman et Clive Owen, sinon qu'ils confèrent un aspect de bête farouche et féroce à partir de rôles bien mieux écrits que ceux de leurs partenaires. La séquence de séduction dans le bar reste d'ailleurs un des points forts du film (avec la conversation électronique), un tour de force plein de froideur et de mal-être. Curieusement, la cruauté des deux cocus nous séduit plus que les ébats naïfs des amoureux.
En dehors des deux interprétations marquantes précitées et de la volonté de rompre avec la tonalité conciliante des films romantiques, cette adaptation d'une pièce de théâtre n'est pas si exceptionnelle que cela. La mise en scène est, certes, solide, mais elle manque d'inventivité et d'imagination pour dynamiser ce qui est essentiellement une suite de rencontres à deux. Avant tout, elle n'a pas trouvé de moyen convaincant pour rendre compte du passage du temps, autrement que par des répliques, qui constituent l'outil cinématographique le plus ennuyeux. La construction du film, ces bribes de moments charniers des parcours sentimentaux, en souffre et laisse un après-goût d'inachèvement. La carrière de Mike Nichols, que l'on espère néanmoins loin d'être achevée, termine alors le cercle qu'elle avait débuté, il y a presque quarante ans, avec un carré aux sentiments dévorants beaucoup plus captivant (Qui a peur de Virginia Woolf ?).

Vu le 31 janvier 2005, à l'UGC Ciné Cité Les Halles, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: