Nowhere

Nowhere
Titre original:Nowhere
Réalisateur:Gregg Araki
Sortie:Cinéma
Durée:80 minutes
Date:17 septembre 1997
Note:
La journée du jeune Dark commence déjà pas très bien, avec sa mère qui l'interromp alors qu'il s'adonne à ses fantasmes d'adolescent sous la douche. Et les choses ne s'arrangent guère, puisqu'il n'arrête pas de voir des extra-terrestres partout et que ses demandes d'exclusivité auprès de sa copine sont ignorés. Dans son entourage, tout ne tourne pas rond non plus, que ce soit avec la copine qui tombe sous le charme d'une vedette de télé ou un copain musicien qui n'arrive pas à faire décrocher son amant de la drogue. Entre sexe, drogue et rock'n'roll, Dark trouvera-t-il la personne qui voudra partager sa tristesse et sa solitude ?

Critique de Tootpadu

Poussant le ton démesuré de la Doom Generation encore plus loin, Gregg Araki signe avec ce "trip sous acide", comme il le décrit lui-même, son film le plus déchaîné parmi ceux qui sont, à ce jour, sortis en France. Dès le début, une scène de branlette sous la douche aussi érotique que déroutante, le cinéaste ne cherche que l'effet le plus criard. L'image d'une certaine Amérique qui en ressort est forcément déformée, ensevelie sous une couche épaisse de sexe, de drogue, de couleurs et d'occupations outranciers. L'exagération devient ainsi une forme d'expression artistique, le moteur de cette farce qui ne prend personne, ni rien au sérieux.
Seulement, dans cette débauche épicurienne et charnelle, le sens s'éclipse bien trop souvent pour maintenir un semblant de structure dramatique. En dépit des références au format d'une série télé, les quelques instantanés d'une folle journée dans la vie d'un groupe de jeunes ne se complètent jamais au point de former un ensemble cohérent et fort. La recherche du choc ironique sacrifie alors le bon goût et, infiniment plus important, la raison d'être du film. A force d'enchaîner les situations incongrues et les personnages pitoyables, Gregg Araki reste à la surface, laissant passer l'occasion d'un commentaire social pertinent.
Pour ceux et celles que la présence d'Elisabeth Shue dans Mysterious Skin, peu importe ses qualités un film indépendant au thème controversé, surprenait, la distribution de cette oeuvre-ci est encore plus garnie. On a presque l'impression d'assister à un défilé de vedettes en devenir, qui n'ont jamais tenu leurs promesses, lorsqu'on y voit se tortiller Heather Graham, Mena Suvari, Christina Applegate, Ryan Phillippe, ou encore Chiara Mastroianni. C'est également cet aspect choral, avec James Duval en éternel jeune paumé et confus au centre, qui empêche le film de réellement trouver sa voie.
Gregg Araki allait rapidement abandonner cette esthétique de la démesure pour nous pondre, entre autre, le magnifique Mysterious Skin, mais des traces de cette euphorie trash, et du passage des extra-terrestres, se retrouvent même dans ce premier film-là d'une maturité et d'une gravité insoupçonnées.

Vu le 24 mai 2005, au MK2 Beaubourg, Salle 4, en VO

Note de Tootpadu: