Before sunset

Before sunset
Titre original:Before sunset
Réalisateur:Richard Linklater
Sortie:Cinéma
Durée:80 minutes
Date:16 mars 2005
Note:
Neuf ans auparavant, Jesse et Céline se sont rencontrés par hasard à Vienne, et ont passé une nuit ensemble dans les rues désertes de la ville. En se séparant, quatorze heures plus tard, ils s'étaient promis de se revoir six mois après. Aujourd'hui, il se retrouvent à Paris alors que Jesse est venu présenter son nouveau roman. Ils passent l'après-midi ensemble dans des cafés, des parcs et sur les quais de la Seine, retrouvant instantanément leur ancienne complicité. Comme lors de leur première rencontre, ils ont énormément de choses à se raconter...

Critique de Tootpadu

Un homme et une femme qui se retrouvent à Paris, un après-midi d'été, neuf ans après une rencontre romantique, qui vont se promener et discuter pendant une bonne heure. C'est tout ce qu'il faut à ce film extrêmement beau et juste pour nous séduire. Il relève en effet avec intelligence les vicissitudes de la parole, son flottement qui laisse deviner une gravité sous l'apparence superficielle. Car tout ce que font les deux anciens amoureux, c'est parler, parler et parler encore. Dans cette vague de mots, ce sont alors les rares silences qui comptent (la magnifique montée des marches), tout comme le glissement ou progressif ou intempestif des banalités vers des sujets de conversation plus sérieux. A travers l'échange verbal soutenu et fluctuant, c'est le rapport des personnages à eux-mêmes et au temps qui transparaît. Longtemps, il semble en effet que les amoureux se sont résignés à la mort de leur amour par le temps qui est passé depuis. Se suivent alors des discours théroiques sur la vie, qui sont par contre toujours là pour nous rappeler que d'un, on a beau philosopher sur l'existence, cela ne veut pas dire que l'on vit pleinement, et de deux, le couple d'autrefois n'a pas (encore) trouvé un langage commun. Finalement, la longue conversation n'est autre qu'un très lent ajustement des moyens de communication, l'assemblage d'une machine verbale qui sera peut-être prête à l'emploi à la fin du film.
Sans l'interprétation tout en finesse de Julie Delpy et d'Ethan Hawke, le flot d'interrogations, d'affirmations artificielles, n'aurait été qu'un traité prétentieux. Etroitement liés au processus d'écriture du scénario, les deux comédiens ont effectivement atteint le degré précis de maturité qui leur permet d'espérer encore la renaissance de la flamme et de se résigner aux compromis de la vie en même temps. Les entendre converser pendant plus d'une heure, c'est pour nous le rappel de moments vécus, le constat des aléas de la communication, voire de sa difficulté. La complicité qui se crée très doucement entre eux, ce retour en arrière pour raviver un sentiment dont les vestiges sont restés, si tout cela était déjà présent dans Before Sunrise, dont quelques extraits apparaissent au début, nous brûlons d'envie de découvrir enfin cette première partie, probablement moins mélancolique et assagie que ce chef-d'oeuvre-ci.
Un film qui nous rappelle à quel point nous aimons le cinéma et Paris (en dépit d'une certaine liberté géographique dans la topographie narrative), et même à quel point nous sommes capables d'aimer.

Vu le 28 mars 2005, au Lincoln, Salle 3, en VO

Note de Tootpadu: