Prendre femme

Prendre femme
Titre original:Prendre femme
Réalisateur:Ronit Elkabetz, Shlomi Elkabetz
Sortie:Cinéma
Durée:103 minutes
Date:26 janvier 2005
Note:
Haïfa, 1979. Les frères de Viviane, mère de quatre enfants, insistent pour qu'elle reste avec son mari Eliahou, un juif pratiquant. Mais la vie quotidienne avec ses disputes pour un oui ou pour un non, avec ces priorités opposées, désespère fortement Viviane. Même l'arrivée d'Albert, un homme qu'elle aimait trois ans plus tôt, ne peut pas la sortir de sa torpeur.

Critique de Tootpadu

Le mieux que l'on puisse dire de ce drame sur l'enfer conjugal, c'est qu'il nous rappelle de façon passagère les films de Fassbinder (par son cadre de l'histoire récente et un intimisme suffocant qui rappelle certaines oeuvres du maître) ou, à travers un plan presque maladroitement référencieux, ceux de Wong Kar-wai (la ballade au ralenti dans In the Mood for Love).
Pour le reste, on a droit à un ton lourdement théâtral, encore renforcé par le jeu hystérique de l'actrice principale. Par son lieu presque unique et son cadre temporaire réduit (quelques jours), le film subit en effet l'ombre du théâtre. En principe, il n'y a rien de mal à cela, puisque bon nombre de huis clos ou d'adaptations de la scène font d'excellents films. Sauf qu'ici, le scénario épouse un peu trop volontairement la forme théâtrale, avec ses enchaînements de grandes tirades. Pour délivrer celles-ci, l'actrice principale, qui a également co-réalisé le film avec son frère, donne tout. Malheureusement, cette expression forcée de la révolte encore mal maîtrisée s'épuise au bout des quelques scènes d'affrontement. Tandis que le risque d'étouffement ressort avec beaucoup d'évidence des moments de calme suspect, l'explosion des frustrations et des sentiments est bien moins convaincante. Dans ces instants hystériques, le jeu introverti, voire insensible, de Simon Abkarian dans le rôle du mari touche alors bizarrement plus que les cris et les larmes de Ronit Elkabetz. Et nous avons beaucoup de mal à attribuer ce point de vue sceptique à notre seule appartenance au sexe masculin.

Vu le 22 février 2005, au Publicis Cinémas, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: