Conference-de-Presse - From Paris with Love

Par Mulder, Paris, 11 février 2010

Q : Ma question s’adresse à Jonathan Rhys-Meyers et John Travolta. J’aimerais savoir ce qui vous a motivé pour faire ce film au-delà du scénario, et quels souvenirs avez-vous des premiers contacts avec Luc Besson ?

John Travolta : Bonjour à vous. J’ai d’abord reçu le scénario. Vous savez, lorsqu’un acteur américain reçoit un scénario signé Luc Besson, croyez-moi, on le regarde très attentivement. Je l’ai lu, je connaissais le travail de Pierre Morel, dont j’ai vu Taken, qui est un film fantastique. J’ai donc décidé de les rencontrer tous les deux et lorsqu’ils m’ont fait la description de ce projet, qu’ils m’ont parlé de l’expérience formidable que cela serait de travailler en France, ils m’ont également parlé d’un très bon acteur anglais que je connaissais, Jonathan Rhys-Meyers. Je me suis dit que l’alchimie allait fonctionner et cela va être une expérience merveilleuse et je dois dire que j’ai été très honoré de faire partie d’une telle équipe. Jonathan Rhys-Meyers : J’ai reçu le scénario de Luc chez moi à Londres. Je l’ai vraiment dévoré en 35 minutes. Cette vitesse là correspondait au rythme effréné que je savais que le film aurait. Je savais que Luc et Virginie faisaient partie de l’aventure comme productrice, que Pierre Morel allait être le réalisateur et je savais que John Travolta allait être mon partenaire et tout cela rendait le projet pour un jeune acteur tel que moi extrêmement attrayant. En plus, ce qui m’intéressait dans ce personnage c’est qu’il demandait une certaine forme de naïveté. Je pouvais enfin être manipulé et non manipulateur. Je savais que le parcours incroyable de ce personnage et le choc du voyage quand il découvre John, je savais que ce même choc le public allait le vivre en découvrant ce film. Quand je voyais Charlie Watts faire tout cela, et bien j’avais le même élément de surprise incroyable et d’amusement incroyable que le public aurait et parfois je me retrouvais entrain de sourire tout seul en le voyant faire et j’avais en moi, en qualité d’acteur, la même joie qu’aurait le public en découvrant ces personnages.

Q : J’ai une question pour Pierre Morel et Luc Besson : j’aimerais savoir comment c’est fait le choix du duo John Travolta / Jonathan Rhys-Meyers ?

Luc Besson : Généralement, quand on écrit un script, on se dit soyons fou, imaginons que tout est permis et on se pose la question de savoir quel serait le plus beau duo d’acteurs. On a donc pensé à John très tôt et à Jonathan très tôt également. On s’est donc dit que l’on allait essayer. Qui ne tente rien ... On a eu beaucoup de chance qu’ils acceptent.

Q : Question pour Luc Besson : j’aimerais savoir comment vous est venu ce titre ? Est-ce un clin d’œil au film From Russia with Love ?

Besson : Vous avez raison de citer ce film. Le titre de ce film est bien un clin d’œil évident à From Russia with Love. J’adorais ce titre qui avait un titre de carte postale et ce qui m’a amusé en fait, c’est la contradiction totale. Lorsque John arrive pour passer en gros un week-end à Paris, il finit en réalité par détruire la ville entière.

Q : Question pour John Tavolta : j’aimerais savoir comment vous vous êtes préparé pour ce rôle, ce fameux look ?

Travolta : Au départ, concernant ce look, Pierre et moi avons regardé différentes choses et en particulier les magazines comme « Soldiers of Fortune », ces magazines de mercenaires et on a remarqué que tous ces hommes avec leur artillerie lourde, et bien, ils avaient souvent ce look : ils étaient rasés, avaient des écharpes, des fringues assez incroyables et on s’est dit avec Pierre, si cela ne serait pas intéressant de s’en inspirer. On a donc voulu le montrer à Luc pour avoir son opinion et savoir si ce n’était pas trop extrême. On s’est amusé avec Adobe Photoshop à dessiner des choses et des looks et finalement tous les trois, Luc, Pierre et moi-même avons décidé que cela allait être certes un look extrême, mais cela serait en même temps un contraste formidable avec le personnage joué par Jonathan, qui a lui au contraire ce look James Bond.

Besson : En fait, John est fort modeste, parce que dans la plupart des personnages qu’il a interprétés à l’écran, je pense en particulier à Pulp fiction et bien d’autres, il a eu à chaque fois le talent de trouver des looks particuliers à ces personnages. John est venu avec pas mal de propositions et c’est ainsi qu’il a été très facile de trouver le look final en quelque sorte.

Q : Question pour John Travolta : comment s’est passé votre tournage à Paris ?

Travolta : C’est vrai que cela fait trente-quatre ans que je viens à Paris, et j’avais toujours voulu tourner en France. J’ai beaucoup d’amis en France, et ce film m’a offert l’occasion de jouer dans cette ville. Deux choses, d’une part le monde qui m’était familier, je connaissais Paris, et puis une autre chose, je n’étais pas très familier de la banlieue de Paris, et les deux expériences ont été incroyables. Je crois que toutes les banlieues du monde se ressemblent et ce qui est intéressant pour moi, c’est que les gens des banlieues m’aiment et aiment mes films. J’ai vraiment adoré cette expérience. Les Français aiment le cinéma et la réalisation des films français est perçue de manière très sérieuse. Chez vous, le réalisateur est Roi. J’aime beaucoup le processus de tourner ici, car il y a un grand respect par rapport au cinéma et aux films. On a l’impression que rien n’est plus important que de faire un film et cela est très rafraîchissant pour un acteur comme moi .

Q : Question pour Pierre Morel et pour les comédiens : j’aimerais savoir si c’est un hasard qu’on sent un hommage aux thrillers des années 1970 et ‘80 et surtout aux films d’Henri Verneuil comme Peur sur la ville, dans la scène avec les mannequins ? J’aimerai aussi savoir si les comédiens ont vu ces films français ?

Pierre Morel : C’est à première vue de manière inconsciente, car je n’ai pas rendu un hommage dans ce film à ce réalisateur. Je fais partie d’une génération, qui a grandi avec ces films et avec plein d’autres films que j’ai digérés et qui, je pense, interviennent dans mon processus de création. De plus, je n’étais pas né…

Rhys-Meyers : C’est vrai que pour moi, la première référence c’est Bons baisers de Russie, et c’est bien une forme d’hommage. Mais je crois surtout que ce qui m’a le plus influencé, c’est les thriller noirs comme Le Samouraï. J’ai un petit peu pensé à cela quand je tournais. Mais vous savez, Pierre a cette incroyable force, il crée la peur dans des situations comme cela et par rapport à son script. Vous savez quand on est dans une scène d’action mise en scène par Pierre Morel, je vous jure que l’on se sent en danger à chaque instant.

Travolta : Quand je tourne un film, j’ai plutôt tendance à être dans l’existentialisme et je ne suis pas du tout conscient d’autres références ou d’autres courants. Je suis vraiment dans le film, dans le moment présent et s’il y a une référence, c’est celle du Royal Cheese, et donc une référence à Pulp fiction.

Q : Question pour Jonathan Rhys-Meyers : seriez-vous capable de tuer par amour ou pour sauver votre pays ?

Rhys-Meyers : Je pense que tuer pour son pays, c’est déjà tuer par amour.

Kasia Smutniak : C’est vrai que moi dans le film, je ne tue pas pour mon pays. Mais à la fin, je meurs. Serais-je prête à mourir pour mon pays ? Je ne le sais pas. En tout cas, c’est une scène très difficile, car c’était mon premier film d’action. Ce fut nouveau pour moi et surtout très intéressant.

Q : J’ai d’abord une question pour John, je pense que vous êtes venu à Paris avec votre propre avion et malgré cette neige avez-vous eu des difficultés ? Et une question pour les acteurs, ce soir pour la grande première, comment serez-vous habillés ?

Travolta : Aucun problème pour atterrir en France, malgré cette neige. Je suis venu de Floride et aucun souci là-bas non plus.

Rhys-Meyers : Je pense que c’est Kasia, qui portera une robe longue. (rires)

Smutniak : Non, je porterai une longue veste bien chaude.

Travolta : Nous sommes mieux à Paris en ce moment qu’à Washington, au niveau de la neige.

Q : Avez-vous essayé la nouvelle application de l’iphone, qui permet de faire du morphing et ainsi de passer de votre visage à celui d’une autre personne du casting ?

Travolta : Hier, Virginie me montrait comment m’en servir. Je trouve que c’est un truc incroyable et vraiment formidable.

Besson : Sur le site jeux video.com, il y a cette nouvelle application, qui est aussi excellente.

Q : Question pour John Travolta : pouvez-vous nous parler de votre action à Haïti ? Pensez-vous que des acteurs comme vous doivent avoir une plus grande influence pour attirer l’attention du public ?

Travolta : J’avais les moyens d’aider directement. J’avais un avion, j’avais un moyen matériel de le faire et Haïti n’était qu’à deux heures de vol de Floride. Cela m’a paru essentiel de m’y rendre. J’ai apporté dans l’avion sept tonnes de médicaments, de nourriture et d’autres matériels essentiels et surtout vingt-deux médecins. L’aspect le plus essentiel, le vrai succès de cette opération pour moi, c’est que je suis assuré que tout ce que j’ai apporté reste avec les médecins. Bien sûr, il y a la croix rouge, tous ces organismes, et tout le monde a besoin de cela. J’ai eu le privilège de pouvoir m’assurer que tout cela allait rester avec les médecins. Je suis resté en contact avec eux. Pendant deux semaines, ils ont distribué ces vivres, ce matériel et soigné ces gens et des centaines de vies ont ainsi pu être sauvées. C’est pour moi une grande leçon et je crois que nous devons tous penser à cela comme ça. C’est un espoir pour en fait éduquer un peu plus chacun d’entre nous en tant que citoyen privé, car en tant que citoyen nous pouvons tous aider ce peuple à la source.

Q : J’ai une question pour Pierre Morel : j’aimerais savoir qu’elles ont été les grandes difficultés pour tourner ce film ? Il y a toujours des contingents pour tourner à Paris. Quelles ont été les scènes dont vous êtes le plus fier dans ce film ?

Morel : Je n’ai pas eu, il me semble, de difficultés pour tourner à Paris. On dit toujours que c’est difficile de tourner à Paris. Pourtant, j’ai pas eu cette impression. Peut-être que j’ai eu la grande chance de travailler avec Luc Besson. Je pense que lorsqu’on s’y prend longtemps à l’avance, et que l’on prépare tout, on obtient généralement ce que l’on veut. Les difficultés que j’ai eu viennent pour moi du problème de la langue, c'est-à-dire d’avoir à gérer un film qui n’est pas avec une seule tête mais d’avoir à gérer un duo d’acteurs. L’alchimie s’opère entre eux et j’ai tout fait pour. Je me devais d’avoir une vision globale, et je me devait de faire en sorte que ce film soit plus un film de jeu que de cascades.

Q : Question pour John Travolta : vous avez eu plusieurs looks différents dans vos films et j’aimerais savoir celui dont vous êtes le plus fier ?

Travolta : Je dois bien vous avouer que celui-ci est mon favori, car il semble plaire au public.

Q : Pour vos rôles, avez-vous une vision personnelle de vos personnages ?

Travolta : Il n’y a pas en fait un look idéal, chaque expérience, chaque film est individuel. L’inspiration, je l’attends du scénariste. Je n’ai pas d’idées préconçues avant de recevoir le script et de tourner le film.

Q : J’aimerais savoir pour Jonathan Rhys-Meyers et John Travolta, comment cela s’est passé pour le tournage des scènes d’action ?

Rhys-Meyers : Je n’ai pas eu autant de scènes d’action et de cascades que John Travolta. J’ai eu en effet par contre cette scène d’action dans laquelle je monte un escalier en essayant de sauver les policiers, tout explose avant que j’arrive. J’imagine que c’est mon coté alpha male dominant, j’avais envie en voyant John faire toutes ces cascades de participer à l’action. Les cascadeurs ont été très généreux envers moi. Je n’avais jamais vu de tels professionnels. Ils m’ont guidé dans cette scène et ce fut pour moi un grand moment. En ce qui concerne l’action à proprement parler, j’adore skier. Je skie en France à Chamonix plus exactement. J’aime skier car quand on est en haut des pistes, il y a cette sensation de magie pure qui opère. On se rend compte dans ces moments là de la chance que l’on a d’être en vie, d’être privilégié pour être dans des endroits pareils.

Travolta : Lorsque j’ai reçu le scénario, c’était le scénario où il y avait le plus de cascades, le rôle le plus physique que l’on ne m’ait jamais proposé. Ce qui m’a plu, c’est que Luc et Pierre ont pensé à moi. Je me suis dit que si eux pensent que je peux le faire, je ne peux certainement pas les décevoir. S’ils me voient en train de sauter d’une fenêtre, sur les toits, de manier des pistolets, de mettre une raclée à tout un gang, alors je ne vais sûrement pas les décevoir. Je crois que mon passé sportif et de danseur m’ont permis de chorégraphier ces scènes. J’ai été très excité et heureux de me dire qu’ils pensaient qu’à mon âge, j’étais encore capable de le faire. J’ai fait 95 % de ces scènes sans doublure.

Q : Question pour Pierre Morel, Virginie Besson Silva et Luc Besson : que pensez-vous du processus du doublage ?

Virginie Besson Silva : Certes, on a un peu l’impression de ne pas trahir le jeu, mais on a pas le jeu tel qu’il est. Dans chaque pays, comme on parle des langages différents, cela ne change pas grand-chose. Il faut par contre trouver la voix juste, l’acteur juste pour le doublage. On peut recourir aux sous-titres, mais en France, 80% des salles vont projeter le film doublé en français, question d’habitude.

Travolta : A l’époque de Blow out, j’avais demandé à Gérard Depardieu de me doubler et il avait été bien mieux que moi.

Rhys-Meyers : J’avais fait, il y a quelques années, un film et je cherche encore à attraper celui qui m’avait doublé en italien. Cela va faire sept ans et je le cherche toujours, je l’aurai un jour. C’était tout sauf Gérard Depardieu.

Besson (s’adressant aux Japonais dans la salle) : Vous avez bien lu Victor Hugo en japonais et d’ailleurs heureusement. Certes il y a eu la traduction, mais cela reste écrit par Victor Hugo. On perd un peu par la traduction, mais on perd aussi au niveau visuel, si on compare un film dans une salle de cinéma et le même sur un poste de télévision. Ce qui n’est pas embêtant, c’est de perdre un petit peu, mais c’est de garder l’essence du film. Je vais vous raconter une anecdote en rapport à Fellini et Mastroianni : ils arrivent tous les deux sur le tournage et Mastroianni demande les dialogues. Fellini lui répond que l’on verra cela plus tard. On fait comme d’habitude, il dit action et à la fin, ils écrivaient les dialogues après plusieurs prises. C’est malgré tout des chefs-d’œuvre.

Q : Quelle sont les différences entre jouer en Europe et jouer aux Etats-Unis ?

Smutniak : Ce qui est important pour moi, c’est principalement le scénario, mon personnage qui compte. Ce qui est important est de faire un bon film, d’avoir la chance que ce film reste dans la mémoire du public, qu’importe si c’est Hollywood ou l’Irak, la Pologne, la Nouvelle Zélande, l’essentiel, c’est de faire avant tout un bon film et qui reste dans les mémoires.

Rhys-Meyers : J’ai tourné un film dans pratiquement chaque continent : Australie, Amérique du Nord, Asie, Europe. Faire des films est pareil partout dans le monde, le processus est le même dans chaque pays. Faire un film est un concept mondial. Une fois que la caméra tourne, c’est le même processus. On a le même respect pour les gens qui travaillent avec nous. Il y a un processus de mondialisation, on peut tourner n’importe quel film n’importe où. Si je devais tourner un film ailleurs, je devrais le tourner sur Mars ou sur la lune. Ce qui compte est de tourner un film.

Travolta : Pour moi, cela a été très différent. Je crois surtout que ce qui est formidable en France, c’est qu’il n’y a pas de différence dans la création complexe de faire un film, c’est vrai mais la priorité en France reste de faire un bon film et parfois ce n’est pas toujours le cas. Chaque département à l’origine d’un film se bat avec son ego, et parfois souhaite dominer même en allant contre le processus créatif du film. En France, comme en Italie d’ailleurs, ce qui compte, c’est le film en lui-même. Parfois aux Etats-Unis, le metteur en scène et les acteurs prennent très sérieusement les choses et des interférences viennent parfois parasiter.