Conference-de-Presse - Captain America, le soldat de l'hiver

Par Mulder, Paris, 17 mars 2014

 
 
Q : ma première question sera pour les réalisateurs Antony et Jo Russo, comment vous vous êtes appropriés le personnage de Captain America, l’univers Marvel bien entendu et la mythologie de ce personnage ?
 
Joe Russo : et bien pour nous cela a été un voyage passionnant car depuis l’âge de 10 ans je collectionne les comics et j’ai toujours dans mon placard ces bandes dessinées. Nous sommes vraiment des fans absolus. C’est vrai qu’enfant, j’adorais Captain America et je lui trouvais des aspects un peu superficiels, un peu égoïstes en quelque sorte. Lorsque j’ai lu la version de Ed Brubaker en 2005 du soldat de l’hiver, je me suis dit tiens c’est une façon de déconstruire le personnage, de faire du post modernisme en quelque sorte avec Captain America. C’est un angle qui m’intéressait particulièrement puisqu’il renversait
le mythe et la mythologie. Franck Miller a aussi été une grande influence également.
 
Anthony Russo : alors c’est vrai, il y avait deux choses qui étaient vraiment très fascinantes c’est que nous pouvions grâce à ce film conjuguer deux passions. Celle que nous avions évidemment pour les comics mais aussi celle que nous avions pour les thrillers politiques des années 70 finalement qui nous ont fait grandir. Je me souviens d’avoir regardé avec notre père qui est là The late show et on regardait Marathon man ou bien Les trois jours du Condor. Pour nous, c’était vraiment un modèle, un genre que nous avons pu explorer grâce à Captain America. Ce mixte de Marvel et des thrillers des années 70 est une influence dominante dans ce film
 
 
Q : j’ai maintenant une question pour vous trois, dans la vision de ces deux réalisateurs qu’est-ce qu’il y a de changé dans la manière d’approcher le caractère de Captain America que vous connaissez si bien ? Le script a changé et l’action est encore plus présente.
 
Chris Evans : c’est vrai que ce qu’il y a de très important quand on tourne un film est qu’on puisse avoir une relation fusionnelle avec le(s) réalisateur(s) car visuellement l’art de faire un film reste très intangible donc plus il y a de communication et plus c’est important d’entendre les acteurs. Je me souviens de ma première rencontre avec Anthony et Joe. Nous avions les mêmes inspirations finalement, nous voulions pousser le héros plus loin. Je dirais non seulement plus loin géographiquement mais également physiquement. Dans les deux premiers (Captain America first Avenger, Avengers) en quelque sorte il s’est habitué à ses capacités, à ses pouvoirs mais là aujourd’hui on veut montrer pourquoi il a un rôle aussi essentiel évidemment dans mythologie des Avengers et aussi pourquoi il a cette position aussi importante. On a donc donné physiquement parlant un style de combat bien plus moderne bien plus adapté, une technique accrue qui fait que pour moi.
 
Scarlett Johansson : Au départ j’ai rencontré Kevin Feige qui dirige les studios Marvel et je me demandais comment mon personnage allait exister au sein de cette mythologie. C’est vrai que dans les deux précédents, j’étais un peu juste là comme un personnage et on ne voyait pas vraiment évoluer alors qu’ ici lorsque j’ai parlé effectivement avec les frères Russo et de leur vision des thrillers politiques des années 70 soudain j’ai aimé le ton particulier, la vision particulière qu’il voulait donner à ce personnage. Cette fois-ci, même si son passé reste un peu mystérieux, il y a cet angle d’espionnage qui m’intéressait beaucoup et puis évidemment il n’y a pas de contexte romantique. Justement ce qu’il y a d’intéressant c’est que l’on découvre dans Captain America de façon tout à fait inattendue des similarités entre les deux personnages et c’est cela qui m’a intéressé
 
Samuel L Jackson : évidemment, je suis toujours Nick Fury mais cette fois-ci on le voit davantage dans l’action. Lorsque mon personnage se sent trahi, il doit réagir. Il doit trouver des réponses à des questions qui se posent non seulement par lui-même mais également dans l’organisation. Ce qui est génial avec finalement les films et les héros Marvel c’est que l’on fait tous entre les films Marvel d’autres choses mais quand on se retrouve, on discute on se demande mutuellement ce que l’on a fait entre-temps, surtout on est prêt à jouer le jeu. Celui que nous a proposé les frères Russo est un jeu passionnant dans lequel on a eu beaucoup de plaisir à se retrouver tous ensemble.
 
 
Q : J’ai une question qui concerne le personnage de Steve Rogers, contrairement à Tony Stark ou Thor, votre personnage est quelqu’un de très simple qui a du mal à accepter ses pouvoirs dans le premier film et qui cherche encore sa place dans le deuxième. Maintenant que l’on sait que vous êtes attaché au troisième film comment pensez-vous le faire évoluer. Pour Chris j’ai également une question, comment aborde-t-il ce personnage qui est finalement très simple et comment il trouve sa place entre héroïsme et homme normal ?
 
Evans : c’est vrai que lorsqu’on incarne un personnage sans aucune vanité, c’est très difficile de lui trouver un axe parce que finalement c’est quelqu’un qui ne se plaint jamais. Ce qui est intéressant ici c’est qu’il découvre que la société a extrêmement changé depuis les années 40 et cette nouvelle vision de la société évidemment apportait une lumière crue et différente sur ce que finalement nous acceptons tous de plus en plus. Alors en fait c’est vrai que Captain America ne se considère pas comme un héros. Il n’y a pas de question d’ego ici. C’est un choix conscient qu’il a fait même s’il a décidé finalement de donner sa vie pour ce choix éventuellement. Le terme d’héroïsme lui-même n’est pas un mot qui rentre dans son vocabulaire lorsqu’il se lève le matin et qu’il met son costume. Je crois que dès le départ il y a un équilibre très simple entre finalement son humanisme et son humilité profonde.
 
 
Q : ma question va un peu dans la première réponse de Chris par rapport au combat. Est-ce que c’est facile de jouer avec un bouclier qui est toujours accroché au bras. Est-ce que ce fut difficile d’utiliser cette arme ? 
 
Joe Russo : au départ lorsque nous avons abordé ce personnage, on est parti du fait que dans le premier il combattait en quelque sorte comme quelqu’un qui n’était pas entraîné et là dans ce film on a voulu montrer qu’il s’était particulièrement entraîné et avait exercé ses pouvoirs. Sa technique de combat est extrêmement moderne donc le bouclier pour nous est une extension naturelle de son personnage, de sa personnalité. C’était très important de montrer par rapport au bouclier les différentes facettes de son personnage. Par exemple, on lui a donné une poignée ce qui lui permet de combattre de manière asiatique. C’est à la fois une arme de défense et une arme d’attaque. Nous avons voulu que ce bouclier soit aussi complexe que notre personnage.
 
Evans : c’est vrai que pour moi c’est un peu plus facile car c’est la troisième fois donc je me sens très à l’aise avec ce bouclier qui est comme une extension de mon bras. C’est vrai que ce qui est intéressant ici c’est qu’il est utilisé vraiment comme une arme et  n’est pas simplement comme quelque chose qui sert à se défendre. Je dois dire que dans les comics, on ne voit jamais la façon dont il bouge. Je dois dire que la première fois que j’ai découvert le jeu vidéo d’ailleurs après avoir tourné le premier film, je me suis dit que c’est génial comme jeu vidéo car le bouclier est utilisé de manière très dynamique. Je me suis dit tiens c’est comme cela que j’aimerais un jour utilisé. C’est là où les frères Russo sont très forts car ils ont exactement fait cela là donc à la fois dans l’action mais également dans les effets spéciaux. Cela a permis vraiment de donner une présence plus importante au bouclier.
 
 
Q : quel serait votre pouvoir si vous étiez un super héros ?
 
Evans : pour moi cela serait d’avoir une superbe générosité et de ne jamais penser à soi.
 
Johansson : j’aimerais avoir plus de muscles
 
Jackson : je ne suis pas super héros. J’aimerais avoir une tolérance envers les êtres inférieurs.
 
Johansson : ne me regarde pas quand tu dis cela (en plaisantant).
 
Jackson : mais tu ne seras jamais une créature inférieure.
 
 
Q : j’ai deux questions pour les réalisateurs. Avez-vous des scènes que vous avez dû couper au montage ? Les verra-t-on un jour dans une version director’s cut ? Est-ce qu’il y a des clins d’œil dans votre film comme c’est souvent le cas dans les films Marvel ?
 
Anthony Russo : A propos des scènes que vous ne verrez pas dans le film mais que vous découvrirez sûrement dans le DVD comme il y a eu à peu près deux années de développement, le scénario et le montage final du film sont extrêmement similaires mais il y a une scène en particulier entre Scarlett Johansson et Samuel L Jackson qui est un moment un peu doux que j’appellerai le Master class un peu pour montrer leur jeu d’acteur mais on a considéré que ce moment un peu doux ne collait pas avec la fin du film. 
 
Joe Russo : je dois dire que c’est Scarlett qui a sacrifié elle-même cette scène car elle trouvé que ce n’était pas le bon moment que c’était un peu trop doux. Mon frère et moi avons toujours aimé aussi bien dans les séries que dans les films faire des clins d’œil. Marvel est aussi connu pour cela. Disons que je vais vous en dévoiler trois. Dans le film il y a des références à Pulp Fiction, d’ailleurs ici nous avons même le T-shirt de Pulp Fiction porté par Samuel. Lorsque Robert Redford ouvre son frigo, je ne sais pas si vous avez remarqué mais il y a de la vinaigrette Paul Newman. Si vous faites bien attention aux livres qui sont dans l’appartement de Steve Rogers,  regardez bien leurs titres. On pense toujours que c’est très intéressant pour le public qui va revoir le film deux ou trois fois de découvrir des choses et d’être surpris.
 
Q : j’ai une question pour les trois comédiens. J’aimerais savoir quelle scène leur a donné le plus de plaisir à interpréter. J’ai aussi une question subsidiaire pour Scarlett, j’ai cru comprendre qu’elle allait réaliser un film et j’aimerais en avoir une confirmation.
 
Evans : en ce qui me concerne c’est vrai que dans la mesure où le film est plein d’action que pour moi ce qui est intéressant sont les moments un peu plus calmes. On peut vraiment alors faire parler l’émotionnel. Il y a des scènes que j’aime beaucoup dans lesquels je fais peu de choses mais en revanche Scarlett dans le personnage de Natacha montre un aspect d’elle-même qui est rarement vu à la fois dans les comics et dans les films c’est-à-dire une certaine vulnérabilité. Pour la première fois, elle s’ouvre un peu et cela pour moi c’est une scène à laquelle j’ai peu participé  car je l’ai regardé jouer. C’est un moment qui m’a touché infiniment.
 
Johansson : la scène qui a été coupée au montage avec Samuel L Jackon mais aussi la scène avec Chris car il faut comprendre que c’est une production énorme et parfois pendant deux semaines nous tournions des séquences dans lesquelles il fallait courir et s’arrêter, des scènes d’action pure et dure. On sait qu’une fois le film monté ces scène seront explosives et formidables. Cela n’est pas le plus agréable pour un acteur. En revanche toutes les scènes où on nous permettait comme ces scènes avec Samuel ou Chris de jouer, d’être dans le verbe, dans le scénario, de pouvoir nuancer mon personnage c’était ce qu’il y avait de plus agréable. Je trouve que dans ce film il y a davantage de scènes comme cela  beaucoup plus qu’auparavant.
 
 Jackson : je ne sais pas si je dirais les scènes les plus drôles mais c’était très intéressant pour moi. Quand j’étais jeune acteur je regardais les acteurs comme Robert Redford et je me disais pas qu’un jour on jouerait à leurs côtés une scène. C’est vrai que les scènes avec Robert Redford, être dans le même espace que lui et jouer avec lui c’était formidable. C’est vrai que lorsqu’on m’appelait au téléphone et que l’on me demandait ce que j’avais fait aujourd’hui, je répondais que j’avais joué avec Robert Redford. Ce fut génial. J’ai encore cette capacité d’être surpris et c’est vrai que de jouer avec Robert Redford a été une surprise et une récompense formidable.
 
 
Q : j’ai une question pour les réalisateurs. Vous avez fait de nombreux épisodes de séries comiques comme Arrested development, Happy endings, Community. Est-ce que vous pensez que le tempo qu’il y a dans les séries comiques vous a aidé dans le tempo d’un film d’action ?
 
Joe Russo : en fait, vous avez absolument raison, c’est très juste parce que le timing, le rythme dans les scènes de comédie nous a évidemment servi pour le timing et le rythme dans les scènes d’action. Lorsqu’on doit en quelque sorte chorégraphier des acteurs c’est aussi complexe finalement que réaliser des chorégraphies de combat entre le Captain America et le soldat d’hiver. En un sens cela nous a beaucoup aidé.
 
Q : j’aimerais savoir si vous aimeriez avoir l’expérience d’un homme de 95 ans dans le corps que vous avez actuellement ? J’ai également une question concernant le thème du film, de la sécurité qui est un frein à la liberté. Est-ce qu’ en tant que comédienne Scarlett et Chris ont eu l’expérience de subir des mesures de sécurité qui freinait leur liberté ? Scarlett n’a pas répondu concernant la question sur la réalisation de son premier film.
 
Evans : bien sûr cela rendrait le quotidien plus gérable mais moi je pense que la vie c’est commettre et apprendre de ses erreurs pour grandir. Je ne voudrais pas me priver de cette expérience.
 
Johansson : évidemment lorsqu’on est quelqu’un de connu, une part de notre liberté s’en va mais je crois que lorsqu’on grandit, notre état d’esprit change. Je suis bien mieux dans ma peau qu’auparavant. Maintenant les gens qui me fixent du regard je l’accepte comme faisant partie intégrante de cette étrange réalité qui est la nôtre lorsque nous sommes acteurs. Parfois, on a des moments de panique ou de peur. Sam nous rappelait la dernière fois que nous étions arrivés  à l’aéroport de Los Angeles, aussitôt des gens autour de nous nous ont dit  dès qu’elle sort de la voiture on l’attaque. C’est quand même un terme qui peut faire peur mais je crois qu’aujourd’hui je suis bien dans ma peau et que j’accepte cette situation telle qu’elle est.
 
Evans : bien sûr comme Scarlett le disait, on ne va pas non plus se plaindre de réussir en quelque sorte. C’est vrai que je me dis toujours que hormis l’arrivée d’internet et de cette technologie nos vies ne sont pas différentes de celles des années 80 par exemple. Avec toute cette technologie, cette toile tout le monde veut savoir ce qui se passe dans nos vies à chaque instant. Parfois, je me demande à quel point cela ira. Il y a tellement de médias qui se développent, c’est assez incroyable. 
 
Johansson : évident effectivement je vais tourner mon premier film en tant que réalisatrice le printemps prochain
 
 
Q : J’ai vu que vous Joe et Anthony avez découvert la toute nouvelle exposition « L’Art des Super-Héros Marvel » aux Art Ludique-Le Musée (34, quai d’Austerlitz 75013 Paris). C’est la première exposition au monde sur les héros de l’univers Marvel. Stan Lee avait dit qu’il espérait qu’un jour ses super héros rentreraient au musée. C’est chose faite grâce à Art Ludique-Le Musée.
 
Joe Russo : Franchement si vous avez le temps allez-y car c’est une exposition incroyable parce qu’on y voit tout l’univers cinématique de Marvel avec les installations et on voit à quel point les comics et les super héros ont influencé notre univers.
 
 
Avec nos remerciements à Julie et Charlotte de l’agence Heaven et  à Aude Thomas Attachée de presse The Walt Disney Company France
Propos recueillis, vidéo et photos : Mulder