Conference-de-Presse - Sin Nombre

Par Mulder, Deauville, 10 septembre 2009

Q : J’ai une question sur Cary Joji Fukanaga et une sur son film. J’ai vu que vous avez été étudiant en science politique à Grenoble et ensuite en Histoire. Est-ce que cette formation universitaire outre le fait qu’elle vous a appris à parler français, vous a fait vous intéresser particulièrement aux questions de société et aux questions politiques ? La deuxième question sur le film : il me semble qu’il y a deux sujets dans votre film dont chacun aurait pu nourrir un film. Il y a cette peinture des gangs, qui est une réalité sociale et en même temps il y a un parcours d’immigration. Pourquoi avez-vous choisi de mêler les deux ?

Cary Joji Fukanaga : Tout d’abord, l’intérêt que j’ai dans la thématique de l’immigration provient sans doute des mes années d’études, que j’ai eu en France. La géopolitique m’intéresse beaucoup. Savoir comment fonctionne le monde et tous ces thèmes des langues et de l’immigration est quelque chose que j’avais en tête depuis cette période là et qui m’intéresse. Il y a ces sujets dans mon film, mais je ne vais pas me focaliser sur ces thématiques dans mes prochains films. Par exemple, mon prochain film sera une comédie musicale. Il y a bien deux sujets distincts dans mon film et en même temps très complémentaires, mais mon film est surtout un film sur l’immigration. Dans cet état du Mexique du Sud, ces histoires de gangs ont un lien très direct et très fort avec l’immigration. Je ne connaissais pas ces gangs avant ce film, j’ai fait des recherches. Ce ne sont pas seulement des trafiquants et des personnes qui passent des immigrés, mais c’est aussi des gangs qui sont très organisés et qui imposent une taxe aux passeurs d’immigrants. C’est un commerce très lucratif, et ainsi se développe une économie parallèle.

Q : Deux questions : la première concerne le casting. Tous les acteurs sont criants de vérité. Est-ce des acteurs amateurs ou professionnels ? Où les avez-vous trouvés ? La seconde sur les gangs. Christian Poveda vient de se faire assassiner, suite à son documentaire sur le gang Mara 18. Avez-vous eu des problèmes avec les gangs ? Avez-vous été contrôlés par ces gangs pendant le tournage?

Fukanaga : Effectivement, au niveau du casting, c’est un casting qui est assez hétéroclite, où il y a de jeunes acteurs, des personnes qui n’ont jamais joué avant, d’autres personnes ayant déjà une première expérience. Concernant cette histoire des gangs, j’ai été moi-même dans des endroits où il y avait des gangs (San Salvador). Dans ces endroits, j’ai dû y aller tout seul. Il est inconcevable d’y aller avec la police ou un garde du corps. Certes, j’avais un peu d’appréhension, mais je n’ai pas rencontré de problème. Pour ce journaliste assassiné, on ne sait pas ce qui s’est passé réellement. Dans ces régions, on attribue toujours ces méfaits aux gangs, afin de faire passer des lois plus draconiennes les unes des autres. Pendant le tournage du film, je n’ai pas rencontré de véritables soucis.

Q : Au niveau de la mise en scène, avez-vous rencontré des difficultés particulières ? Pour la production, une autre question, est-ce difficile de produire un tel film aux Etats-Unis ?

Fukanaga : Nous avons tourné le film en six semaines et uniquement cinq jours pour les scènes du train. Le tournage fut ainsi très difficile et très compliqué à mettre en place. Nous avons dû nous adapter et ainsi tout ce qui a été filmé se trouve bien dans le film.

Amy Kaufman (productrice) : Il a été très difficile de monter ce film pour des raisons financières. Nous avons eu de la chance, car nous avons financé ce film avant la crise qui touche actuellement les Etats-Unis et le reste du monde. Faire ce film actuellement serait pratiquement impossible. Ce film a été financé par Focus Film. Ce sont des fonds propres, aucune aide ne nous a été accordée. Un film comme cela, s’il avait été tourné aux Etats-Unis, aurait coûté trois fois plus cher. Le court-métrage de Cary a été vu dans de nombreux festivals et nous a permis de pouvoir faire ce film.

Q : On note le nom de Gael Garcia Bernal dans la production du film. Comment est-il intervenu ?

Fukanaga : La raison pour laquelle cette personne est créditée est que cet acteur a une compagnie de production au Mexique. Cet acteur a été ainsi contacté, afin d’apporter une crédit au film et de le soutenir, lors de sa création.