Conference-de-Presse - Detachment

Par Mulder, Deauville, 09 septembre 2011

Tony Kaye Q : J'aimerais savoir si vous avez besoin de composer ou de chanter une chanson pour trouver l'inspiration de vos films ? Pouvez-vous nous parler de cette inspiration ?

Tony Kaye : Oui, en fait, cette nouvelle voie vers laquelle je me dirige en ce moment, la musique, est quelque chose qui est assez nouveau pour moi. Cela fait seulement depuis une petite dizaine d'années que je m'y suis mis et c’est quelque chose d'assez particulier. Quand on se met à la musique à un âge avancé, je pense que c'est un moyen d'expression qui est très puissant. La musique est le langage universel avec ou sans paroles, car quand on joue un air qui est joyeux, tout le monde le comprend immédiatement. Pour moi, la musique est devenu presque une obsession, afin d'essayer d'apprendre les bons accords. La chanson que j'ai interprétée tout à l'heure, avant la projection de mon film, est une chanson sur laquelle je travaille depuis le début du tournage. Je voulais vraiment écrire une chanson sur tous les événements à travers lesquels le personnage est passé au moment où le film commence.

Q : Vous traitez d'un sujet qui est très important et qui est très vaste. On a vu beaucoup de cinéastes parler de ce thème-là, de l'éducation. J'aimerais savoir pourquoi avoir choisi cet angle-là et qu'est-ce qui vous a servi d'inspiration par rapport à ce thème là ?

Kaye : Le mot « éducation » est pour moi un grand mot, car il englobe beaucoup de choses. Le sujet de l'éducation est un sujet important pour moi, c'est aussi la raison pour laquelle nous sommes là aujourd'hui. C'est aussi la raison pour laquelle nous sommes nés, pour devenir meilleurs et apprendre à aider les autres. Avec ce film, j'ai été très chanceux, car j'avais un scénario qui avait été écrit par un professeur, j'avais beaucoup de matériaux sur lesquels je pouvais m'appuyer. A travers les personnages, je voulais me rappeler à moi-même que nous sommes là pour aider les autres via l'éducation et plus spécifiquement dans des temps difficiles. Je pense que l'avenir du monde est de devenir de plus en plus interconnecté. Moi-même, je continue à apprendre chaque jour. Je suis également très fier de la performance des acteurs, qui ont fourni un travail formidable.

Q : J'aimerais savoir où se trouve Adrien Brody lorsqu'il présente histoire et à qui il parlait ? Betty Kaye qui joue dans le film est-elle votre fille ?

Kaye : Tout d'abord en ce qui concerne Betty, oui c’est ma fille, la plus âgée de mes filles. Je suis fier de ce qu'elle a fait sur ce film. C'est aussi la première fois qu'elle joue dans un film. J'étais tout à fait préparé à ne pas lui donner le rôle, si elle n'était pas la meilleure lors des auditions et je m'étais préparé à ce qu'elle ne me parle plus du tout le cas échéant. Je n'avais pas dit au départ aux producteurs que c'était ma fille, afin que cela se fasse dans la plus grande impartialité. Le premier moment avec Adrien Brody fut un entretien. J'ai toujours su qu'il était un acteur extraordinaire et il a envisagé son rôle d'une manière très abstraite. Il voulait tout garder pour lui et il travaille beaucoup dans l'introspective. Ce film qui est pour moi comme un paysage d'émotions et de performances, il y a une histoire de fille. Chaque acteur a eu la possibilité de venir sur le tournage et de donner quelque chose qui était enfoui en lui. Quand je dirige des acteurs, je ne leur dis pas précisément quoi dire, quoi faire. Je les laisse prendre leurs propres initiatives. La plupart du temps, c'est moi qui filme : je n'utilise pas de grue ou d'appareils compliqués. Je filme de manière proprement organique. C'est comme si j'étais moi-même un acteur du film. L'objectif de la caméra est mon visage. Lorsque les acteurs parlent à l'objectif, ils me parlent à moi. J'ai voulu montrer à travers le personnage d’Adrien Brody ce détachement au début du film, puis le fait qu'il s'investisse de plus en plus. Ce personnage semble montrer qu'il est un enseignant qui ne s'implique pas, il est un enseignant temporaire, non titularisé. Ce personnage passe du détachement à l’attachement. A la fin du film, lorsqu'il revient, il se rend compte qu'il n'y a plus de retour possible et qu'il va s'occuper de son élève fragile. Par exemple, dans cette scène où l'élève sort en pleurs de sa salle, il aurait dû appeler quelqu'un. Il est vraiment responsable de ce qui se passe. La performance d’Adrien Brody dans ce rôle est quelque chose pour moi qui est très important. Entre le moment où ce que j'ai écrit et où Adrien m'a donné ce qu'il m'a donné dans son rôle, je prends des notes à chaque fois que je revois ce film. J'ai envie d'aller plus loin dans l'élaboration de ce personnage. Je pourrais vous parler d'un film qui est pour moi parfait, comme celui d'E.T.. C'est un film qui est tellement bon que son réalisateur Steven Spielberg a dit qu'il ne fera jamais une suite. Par contre Harry Potter, qui fonctionne certes très, très bien, mais pour qu'il fonctionne aussi bien, il y a eu énormément de livres et de films pour que l'on puisse comprendre parfaitement la psychologie des personnages et s'attacher à eux. Ce personnage est riche en potentiel.