Conference-de-Presse - Table ronde de Epic : la bataille du royaume secret avec Chris Wedge

Par Mulder, Paris, Gaumont Marignan, 21 février 2013

Chris Wedge, réalisateur du film Epic : la bataille du royaume secret

Lors d’une table ronde, Chris Wedge a répondu à des blogueurs/journalistes pendant une quinzaine de minutes. En voici la transcription. Notre blog était de la partie et nous avons pu poser une des questions que vous pourrez lire ci-dessous.

Chris Wedge : Bonjour, je suis Chris Wedge, le réalisateur du film Epic, la bataille du royaume secret. C’est un nouveau film d’animation de Blue Sky Studios. Ce studio vous a déjà proposé la quadrilogie l’Age de glace, Rio. Ce film repose sur l’idée que dans la forêt il y a une lutte acharnée entre les forces du bien (les hommes feuilles) et celles du mal. Les hommes- feuilles sont de minuscules personnages. Ce film est une aventure épique sur lequel je travaille depuis longtemps.

Q : Epic est -il votre film le plus abouti ?

Chris Wedge : Ce film représente un nombre d’années important de mon effort créatif. Il s’agit aussi d’une large collaboration avec d’autres gens des Studios Blue Sky. Je travaille avec les producteurs exécutif James V Hart et William Joyce depuis plus de dix ans sur ce film. Si je dois dire ce que je pense de mon film, je suis très content du résultat. Si j’avais eu encore plus de temps, il aurait ressemblé peut être encore meilleur. Je suis très satisfait du résultat.

Q : Comment avez-vous choisi les acteurs pour le doublage ?

Wedge : Le casting de voix pour un film d’animation revient toujours à trouver une voix qui convient parfaitement au personnage. Les personnages dans le domaine de l’animation sont fait de plusieurs éléments. Ils sont écrits pour être d’une certaine manière mais ils sont aussi désignés pour être d’une certaine manière. Ils bougent d’une certaine façon. La voix doit coller parfaitement à ces éléments créatifs. Je ne veux jamais d’une voix qui soit trop en décalage par rapport au personnage. Je ne veux pas forcément reconnaître la voix nécessairement. Il faut que cette voix colle parfaitement au personnage. Dans la version originale de ce film, nous avons la chance d’avoir de très talentueux acteurs : Christoph Waltz (Mandrake) , Josh Hutcherson (Nod), Amanda Seyfried (Mary Katherine), Jason Sudeikis (Bomba), Colin Farrell (Ronin), Steven Tyler (Nim Galuu), Beyoncé Knowles (Reine Tara) . Leur voix sont fantastiques. Nous avons ainsi des personnes qui sont certes acteurs mais ont aussi leur propre personnalité. Toutes ses personnes ont été choisies pour leur voix et ce qu’elles pouvaient amener au film.

Q : Vous avez fait la voix de Scrat, avez- vous fait une voix dans Epic ?

Wedge : Vous savez il y a peut être une ou deux voix que je fais dans ce film mais ce n’est pas un caractère important dans le film.

Q : La ressemblance entre Ronin le héros et un guerrier samouraï est elle volontaire ?

Wedge : Vous savez la source d’inspiration pour le personnage de Ronin vient du livre de William Joyce ("The Leaf Men and the Brave Good Bugs"). Mais le script est complètement original. Les personnages de ce film sont complètement originaux. Ce que je voulais faire était prendre l’essence du livre de William Joyce et d’en faire un film d’animation avec des scènes d’action. Le personnage du samouraï inspire pour moi une sorte de discipline, une représentation de l’honneur, une force militaire. Nous avons regardé un nombre très important de disciplines guerrières. Cela a pris plusieurs années pour n’en garder que très peu. Les personnages ont aussi une allure de super héros par leur manière de bouger. La gravité est différente dans leur monde. Ils ont ainsi un costume leur permettant une très ample flexibilité. Je suis très satisfait de leur représentation car ils semblent hors du temps. On ne peut pas les voir mais ils sont pourtant là.

Q : Certaines personnages rappellent Alice au pays des merveilles est- ce que c’est une référence pour vous ?

Wedge : Je pense qu’il y a des aspects de cette histoire en commun avec ce conte. Les deux sont inspirés par le monde de la magie. Le personnage de Mary Katherine dans le film est la fille d’un homme qui croit en l’existence de ce monde alors que personne d’autre n’y croit. Même elle ne le croit pas. Elle est pourtant projetée dans ce monde magique. Elle va découvrir que son père avait raison. Pour revenir à son monde, elle va devoir participer à l’aventure de ces hommes- feuilles. Mais ce monde n’est pas qu’un monde de lutte entre deux forces distinctes. Il y a différents lieux que nous découvrons dans le film. Comme dans Alice au pays des merveilles, nous allons d’un lieu à un autre. Quand nous avons créé Nim Galuu, le sage de la fôret aucun caractère ne m’est venu à l’esprit principalement par le côté de son look et de sa taille. Par contre, j’aime l’association que vous faites avec Alice au pays des merveilles.

Q : Est-ce que ce film s’adresse aux geeks et es-t ce que vous voulez en faire un jeu vidéo ?

Wedge : Je pense que ce film serait une bonne source d’inspiration pour un jeu vidéo. C’est un monde attractif que nous n’avons pas encore vu à l’écran. Il y a beaucoup de lieux à explorer dans cet univers. Il y a aussi une immersion intense possible grâce à ce milieu. Il y a aussi moyen de faire de bonnes scènes d’action où vous conduisez des véhicules. Il y a en effet un fort potentiel pour en faire un jeu vidéo. Je m’y connais en jeu vidéo, j’ai fait ce film (humour).

Q : Quelle est votre plus grande réussite professionnelle à ce jour ? (la question préparée de notre blog mulderville.net)

Wedge : Je dirai ce film car c’est une combinaison de tout ce que j’ai appris au fur et à mesure du temps. L’utilisation de la technologie et artistique de notre studio a évolué au fur et à mesure du temps. J’ai mis dans ce film tout ce que j’ai engrangé tout au long de mon parcours. Ce film est aussi bon que je l’aurai rêvé.

Q : Il semble que ce film s’adresse plus aux adultes que Rio, est ce exact ?

Wedge : Je préfère penser que ce film est un film pour tous. On l’a testé sur une audience et chacun a pu y trouver son compte. Je pense que les adultes comprendront plus facilement la complexité des caractères et la fantaisie sous jacente de cet univers. Heureusement cela ressemble à quelque chose qu’ils n’ont pas encore pu voir avant. Quant aux enfants, ils comprendront l’histoire et aimeront voyager avec ces personnages. C’est un grand film d’aventure avec beaucoup de vie et même des personnages effrayants. Pendant la projection test, j’ai regardé le public et j’ai vu qu’il y a des moments où le très jeune public a peur. Je n’ai vu personne crier ni pleurer pendant cette projection. Quand j’étais enfant, j’aimais que l’on me fasse peur. J’ai eu peur pendant le magicien d’oz quand j’ai vu pour la première fois la sorcière à la télévision mais je l’ai adorée. C’est la première chose dont je me souviens quand je repense à ce film. Le film devrait leur plaire.

Chris Wedge, réalisateur du film Epic : la bataille du royaume secret Q : Avez-vous une scène préférée dans le film ?

Wedge : Il y a plusieurs choses que je voulais voir dans le film lorsque nous avons commencé le faire. Je voulais une forme d’action totalement immersive et inhabituelle. Il y a une scène au début du film où la reine des hommes- feuilles se trouve prise dans un piège. Cette scène nécessite que plusieurs éléments fonctionnent : la présentation des personnages, de l’action et des effets de surprise. C’est une de mes scènes préférées.

Q : Pouvez- vous nous parler de la 3D ?

Wedge : la 3D découle de l’utilisation d’ordinateurs car chaque chose est une simulation dans un monde en 3D. Nous avons avec cet outil un grand degré de contrôle comment prolonger l’immersion dans le film. Par moment nous pouvons maitriser plus facilement le relief de certaines scènes. L’image qui en ressort ressemble ainsi à un diorama comme si quelque chose se passait derrière l’écran. Par d’autres moments, nous pouvons plonger complètement dans l’action, dans l’écran comme si l’histoire se déroulait juste devant vous. Nous avons ainsi un autre degré de contrôle pour les paramètres de cinématographie. C’est ainsi une composition de deux images et de lumière. Vous avez donc la sensation que vous pouvez voir autour des choses montrées à l’écran. Cela renforce votre immersion dans le film. Le film fonctionne avec ou sans la 3D. Mais pour celui-ci, vu que le monde est si unique, quand vous le verrez en 3D vous aurez l’impression de découvrir quelque chose de nouveau.

Q : La sortie du film en France vous met-elle la pression ?

Wedge : En regardant en arrière pour ce film, il y a toujours des choses que vous auriez aimé faire en plus mais elles ne sont ici guère nombreuses. Je suis fier de ce film et j’ai fait tout ce que j’ai pu pour qu’il soit réussi. Je ne sens pas de pression. La pression est finie autour de moi. Je touche du bois. Il y a toujours des petits détails à retoucher mais le plus gros est derrière moi.

Q : Y a-t-il un message écologique dans le film ?

Wedge : Je pense que s’il y a un message écologique dans le film, il vient avec le territoire décrit dans celui-ci. Ce n’est pas une histoire au sujet de la forêt et des hommes venant la détruire avec des bulldozers où y détruire l’atmosphère. Nous sommes dans un endroit où vous ne vous attendiez pas à aller. Dans cette place, vous vous rendez compte que cet endroit n’est pas un endroit sûr. Avatar est l’exemple parfait. J’ai adoré ce film. Je ne voulais pas faire mon film autrement mais l’histoire est différente. Certes nous faisons en sorte de garder la forêt en vie. Vous marchez dans la forêt et vous voyez ces choses arrivées.

Q : D’où vous est venu votre inspiration pour ce film ?

Wedge : Il y a un caractère dans ce film appelé Bomba qui croit que ce monde existe alors que personne ne le croit. Sa fille Mary essaye de le ramener dans le monde réel d’une façon ou d’une autre. Ce fut intéressant de créer un caractère en conflit plus qu’autre chose car nous voyons le monde à travers ses yeux. On peut dire d’elle qu’elle essaye d’imposer son point de vue mais elle ne l’est pas vraiment car nous avons vu le monde magique et savons que son père a raison. Je n’ai pas vu le film de Don Bluth Poucelina (Thumbelina). Je pourrai dire qu’il y a beaucoup du monde de l’animation que j’utilise comme inspiration. C’est une histoire originale que nous avons voulu raconter plus comme un film d’action en prise de vue réelle que comme un film d’animation ordinaire.

Propos recueillis par Mulder, le 21 février 2013.
Avec nos remerciements à Michael Frouin et Léa Ribeyreix de l’agence Cartel-com.
Photos : Boris Colletier