Entretiens - Interview de Benjamin Wallfisch compositeur de la musique du film Dans le noir

Par Mulder, Los Angeles, 30 juillet 2016

Q: Bonjour Benjamin, on est heureux de voir que vous avez répondu positivement à notre demande d’interview ?

Benjamin Wallfisch : Merci surtout à vous de m’avoir invité.

Q: Vous avez d’abord été un chef d’orchestre et un orchestrateur sur des films appréciés par le grand public comme Orgueil et préjugés (2005), V for Vendetta (2005), A vif (2007), Robin des bois (2010). Pouvez vous nous en dire plus sur votre travail dans le système hollywoodien ? Qu’avez-vous appris en travaillant sur ces films ?

Benjamin Wallfisch : C’est tellement important d’avoir des mentors quand vous commencez à travailler dans n’importe quelle industrie et encore plus dans le monde de la musique de film. Lorsque j’ai commencé dans ma vingtaine d’année, Dario Marianelli fut mon mentor. Je l’ai assisté pendant sept années comme un chef d’orchestre pendant que je débutais comme compositeur de musique de films et j’ai appris beaucoup de lui et également des musiciens incroyables avec lesquels je collaborais régulièrement. Ce fut merveilleux lorsque la musique de Dario du film Reviens moi (2007) gagna l’Oscar de la meilleur musique de film. Ce fut une expérience de pure collaboration avec des performances fortes de Jean-Yves Thibaudet et les musiciens de l’English Chamber Orchestra. J’ai été très honoré d’en faire partie.

Q: En qualité de compositeur de musique de films vous avez travaillé sur Dear Wendy (2004), Hours (2013), Hammer of the Gods (2013) et plus récemment Dans le noir (2016). Comment choisissez-vous vos projets ?

Benjamin Wallfisch : Je peux créer à partir de tout ce qui a une histoire forte quel que soit le genre et je suis fier d’avoir pu créer des relations fortes avec un groupe de réalisateurs incroyables pendant ces dernières années. Les films sur lesquels je travaille sont pour la plupart créés par ce qu’ils ont dans leur imagination. Hours m’a permis de collaborer par la suite avec David Sandberg sur Dans le noir (2016) et Annabelle 2 (2017) et je suis particulièrement fier d’avoir signé la musique du nouveau film de Gore Verbinski A cure for Wellness (2017)

Q : Pour vous, pour quelle raison la musique est si importante dans un film ?

Benjamin Wallfisch : la musique est une partie intégrale de l’expérience humaine. C’est une distillation sonique de l’émotion humaine. C’est aussi important pour l’expérience humaine que la manière de raconter une histoire. Cela remonte au début de la civilisation. Ainsi, c’est purement inévitable que la musique et la narration sont intrinsèquement liées. Nous avons une grande responsabilité en tant que compositeur de musique de films d’écrire des mélodies avec une totale honnêteté envers l’histoire, les personnages que le réalisateur essaye de créer. Sans cette honnêteté, c’est très simple de casser la relation forte qui se créée entre le film et son audience. En qualité de compositeur de musique de films, vous jouez un rôle important dans la création du monde que l’audience découvre et en particulier sur les différents degrés d’émotions. Il faut être constamment en alerte envers cette responsabilité. L’histoire et les personnages du film sont très importants.

Q: J’ai eu la chance de découvrir récemment le thriller horrifique Dans le noir. C’est un excellent film appuyé par une musique convaincante. Dans les scènes les plus inquiétantes la musique joue un rôle très important. Comment avez-vous trouvé la bonne approche ?

Benjamin Wallfisch : Ce fut une excellente experience de collaboration entre le réalisateur David Sandberg et moi. Mon approche a été conduite par le tempo du film

Q: Que pouvez vous nous dire au sujet de votre collaboration avec le réalisateur David F Sandberg sur ce film ? Comment avez-vous créé la musique et où l’avez-vous enregistrée ?

Benjamin Wallfisch : Nous l’avons enregistré à Los Angeles avec des musiciens fabuleux du Hollywood Studio Symphony. En amont, David et moi avons discuté pour savoir comment on voulait approfondir ce contexte de drame familial sous-jacent au sein de la musique de ce film et aussi dans un contexte d’un film horrifique de pure adrénaline. Il y a un thème fort relatif à la relation entre cette mère et sa fille. Quand je suis allé capturé ce complexe dynamique entre elles avec cette mélodie qui témoignait qu’elles ne pouvaient pas trouver leur propre maison. Aussi le monstre , Diana, a un motif qui est à la source de ces cauchemars. C’est une sorte de démence clinique, une tonalité obsessive qui sont reliées en permanence. Le film délivre des effets effrayants et une histoire captivante avec un véritable sens d’intégrité envers les personnages. Les frayeurs gagnent toujours et il y a toujours une étincelle dans l’œil des réalisateurs.

Q: Quel genre de conseil donneriez-vous à un personne qui aimerait travailler en tant que compositeur de musique de films ?

Benjamin Wallfisch : Ecrivez la meilleure musique dont vous êtes capable chaque jour. Comme tout métier, vous devenez meilleur à force de travailler dur et de prendre votre propres repères dans la création musicale même si c’est que trois ou quatre minutes d’une expérimentation. Vous affinez votre travail et tombez en amour avec ce processus de création. Il faut aussi étudier et écouter chaque jour le travail des grands compositeurs Bach, Stravinsky, Shostakovich, Mahler, Wagner, Beethoven, Miles Davis, John Williams, Hans Zimmer, la liste peut continuer indéfiniment. Il faut également prendre l’habitude d’écouter les différentes musiques de films. Il y a tellement de chose à apprendre. Vous devez aussi avoir plein d’amis musiciens. C’est eux qui donnent vie à votre musique. Vous pouvez apprendre autant des musiciens que des compositeurs. Comme disait mon grand père décédé et incoyable pianiste Peter Wallfisch, vous devez traiter la musique comme une chose vivant, vous devez la respecter et l’aimer