Entretiens - Jim Mickle

Par Mulder, Deauville, 07 septembre 2013

1) Vous êtes réalisateur, monteur et scénariste. Pouvez-nous en dire plus sur votre carrière ?

J'ai obtenu mon diplôme de l'école de cinéma de New York, NYU, et travaillé comme éclairagiste et dessinateur de storyboard avant de devenir un monteur à plein temps. A ce moment, il nous a semblé, à Nick Damici et moi-même, que nous avions tout ce qu’il nous fallait pour réaliser notre propre film. Il a écrit alors le scénario du court-métrage Mulberry Street. Nous l'avons tourné dans son appartement à New York dans le quartier de Manhattan pour des clopinettes. Nous avons continué sur la lancée avec le court-métrage Stake Land dans lequel nous développions davantage les idées de notre premier film. A présent, We are what we are représentait de grands changements pour nous dans le cinema de genre. Nick écrit le scénario des films que je réalise et dont j’assure le montage.

02) Quel fut jusqu’à présent votre plus importante réussite professionnelle ?

La projection de We are what we are lors du festival de Cannes cette année fut un rêve devenu réalité.

03) Votre troisième film est un remake du film de Jorge Michel Grau Ne nous jugez pas. Pouvez-vous nous parler de vos impressions à la vision de ce film ?

J'ai vu l'original en connaissant pas mal d'éléments à son sujet. Je pensais avoir une idée assez précise pour savoir à quoi m’attendre. Mais j’ai dû me rendre compte que le film différait pas mal de mes attentes, qu’il était plus personnel ce que j'aimais. C’est ainsi que nous l'avons conçu en pensant qu'il y avait une intéressante réinterprétation à explorer, parce qu’il avait réussi à sa manière, tout en laissant la porte ouverte à d’autres pistes. Il me semblait qu’il y a avait une manière tout aussi personnelle de raconter l’histoire dans un contexte que je connais bien et d’explorer son côté religieux depuis un point de vue plus direct et américain. Cela ne m’a jamais intéressé de juste faire un remake.

04) Que pensez vous des remakes dans l’industrie cinématographique ?

Dans la plupart des cas, je ne suis pas un grand fan des remakes. J’ai l’impression que l’industrie cinématographique s’en sert comme béquilles au lieu de se risquer à explorer des idées originales. Mais à chaque règle son exception et j’espère que mon film en est une. Si plus de réalisateurs s’appropriaient l’histoire originale avec du respect, mais tout en voulant y apporter quelque chose d’unique, le concept du remake serait nettement plus intéressant. Cela nous a aidé, en ce qui concerne notre film, que l’original ne soit pas très connu par un public international, parce que nous n’étions soumis à aucune contrainte. Dans le cas du film Let The Right One In, je pense que le film était déjà si réussi et aimé par tous ceux qui l’avaient vu que cela a laissé une marge de manœuvre très réduite pour apporter des éléments nouveaux. Son remake n’a donc été pour moi qu’une pâle copie, avec uniquement quelques scènes différentes. Mais en même temps, je me demande ce qui aurait pu être fait pour le rendre encore plus intéressant, puisque l’original est proche de la perfection. Il n’y avait pas grand-chose qu’on aurait pu y ajouter.

05) Quelles ont été vos inspirations pour ce film ?

Michael Haneke, David Lynch, Rosemary’s Baby, Martha Marcy May Marlene, Picnic at Hanging Rock. Il y a aussi eu d’autres éléments qui ont inspiré ce film, mais quand vous êtes en train de le faire, vous oubliez tout cela et vous le faites à votre manière.

06) Que pouvez vous nous dire du casting de votre film ?

J’ai eu beaucoup de chance de trouver les trois acteurs principaux qui convenaient parfaitement à leurs rôles. Bill Sage est l’un de mes acteurs préférés et Ambyr et Julia sont d’excellentes actrices. J’ai aussi eu le privilège de pouvoir travailler avec Michael Parks, qui est un acteur incroyable et qui nous a beaucoup apporté.

07) Que pensez-vous du fait que votre film a été choisi en séléction officielle de ce Festival du Cinéma américain de Deauville ?

C’est génial ! Quand vous faites un film d’horreur, il est difficile d’imaginer que vous pourrez le présenter en dehors de festivals fantastiques ou sur le marché de la vidéo aux Etats-Unis. Tout cela est déjà bien en soi, mais je pense également que les films d’horreur peuvent prétendre à plus, si les réalisateurs et le public leur laissent une chance. C’est donc un honneur pour moi que mon film ait été sélectionné à Deauville.

08) Quels sont vos projets actuels ?

Je viens juste de terminer le tournage de Cold in July. Il s’agit d’un thriller basé sur le roman de Joe Lansdale, avec Michael C. Hall, Sam Shepard, Don Johnson et Vinessa Shaw. C’est un nouvelle aventure pour moi et j’ai hâte de commencer la post-production.

09) Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui aimerait devenir réalisateur ?

Lancez-vous sans tarder. N’attendez pas la permission ou une occasion parfaite parce que cela n’existe pas. Profitez de ce que vos collaborateurs et les nouvelles technologies peuvent vous apporter pour faire votre propre film de la manière que vous souhaitez le faire.

Propos recueillis par mail en septembre 2013 par Mulder, traduits de l’anglais par Tootpadu
Avec nos remerciements à Marie Queysanne