Entretiens - Les hommes du feu – Notre interview avec Emilie Dequenne

Par Mulder, Paris, Hotel Mandarin Oriental, 23 juin 2017

Nous avons eu la chance de rencontrer la comédienne Emilie Dequenne dans le cadre d'une journée presse organisée autour de son nouveau film Les Hommes du feu.

Q : En quelques mots pouvez-vous nous parler de votre personnage Bénédicte et comment vous l’êtes-vous approprié ?

Emilie Dequenne : Bénédicte c’est une femme qui avant d’être femme, avant d’être mère, elle est avant tout pompier. Je pense qu’elle est née pompier. Je pense qu’elle fait partie de ces gens qui bébé dans le berceau devait se trémousser aux sons des sirènes de pompiers. Elle a un peu de mal à gérer sa vie de famille et sa vie de femme pompier parce qu’elle débarque dans une nouvelle caserne exclusivement masculine et c’est une caserne qui n’a encore jamais eu de femmes. Elle va vivre une aventure en tant que pompier et en tant que femme.

Q : Quels sont les éléments déclencheurs qui vous aident à choisir un rôle ?

Emilie Dequenne : il faut que cela me touche et il faut que cela ait du sens. Si le scénario, si le projet de film et le personnage n’a pas de sens, ne résonne pas en moi, je n’y vais pas. Si j’ai le moindre doute, je n’y vais pas.

Q : Quelle a été la scène la plus difficile ou éprouvante à tourner pour vous dans ce film et pourquoi ?

Emilie Dequenne : Les feux. J’ai très peur du feu. Je n’ai pas d’attirance pour le feu. J’ai horreur de cela. Cela a été très dur physiquement car on avait des choses à faire. Il fallait l’éteindre, il fallait avancer. C’est très pénible et cela me fait très peur

Q : Comment s’est passé le tournage du film et votre collaboration avec le réalisateur Pierre Jolivet ?

Emilie Dequenne : Cela s’est très bien passé même si j’avais énormément d’appréhension à l’idée des scènes justement de feu et même vis-à-vis du personnage. Je sortais d’un long marathon de tournage et j’avais peur de ne pas être prête, de ne pas être à la hauteur physiquement mais le réalisateur a réussi à me rassurer et à me convaincre que c’était pour moi Bénédicte.

Q : Après ce film, comment voyez-vous le métier de pompier et peut-on parler de vocation pour un tel métier ?

Emilie Dequenne : Ah, ce n’est pas qu’une vocation. Je ne le vois plus du tout de la même manière. Tous les clichés que je pouvais avoir sur les pompiers sont tombés. Je n’en avais pas beaucoup mais en tout cas je ne m’étais jamais posé trop de questions sur les pompiers. Là, je me rends compte qu’ils sont admirables et que c’est plus qu’une vocation c’est presque un appel. Ces gens-là ne font pas ce métier pour de mauvaises raisons. Un pompier professionnel proportionnellement aux risques encourus et aux responsabilités ne gagne pas énormément d’argent et il y a beaucoup de pompiers volontaires. Ce sont des gens qui font cela en dehors de leur travail et qui gagnent un euros cinquante de l’heure donc on ne peut parler que de vocation. Ce n’est pas possible autrement.

Q : Vous êtes à mes yeux l’une des meilleures comédiennes actuelles et chacun de vos rôles au cinéma (Rosetta  (1999), L’équipier (2004), la fille du RER (2009), Mobius (2013), Pas son genre (2014), chez nous (2017), comment  trouvez vous à chaque fois la parfaite approche pour aborder vos rôles ?

Emilie Dequenne : Je laisse venir le personnage. C’est cela ma technique. Je ne peux pas l’expliquer, ce n’est pas de la chimie, c’est juste qu’au moment où je décide de m’engager pour un film et que je crois à un personnage pour moi il doit prendre vie. Je ne suis qu’un vecteur et je le laisse venir jusqu’à ce qu’on tourne. J’espère que la magie opérera encore longtemps.

Q : Avez-vous une anecdote à nous raconter sur le tournage de ce film ?

Emilie Dequenne : Il s’en est passé des choses sur ce film mais est ce qu’il y a quelque chose de rigolo à raconter. Si, les pannes de camion. C’était assez barbant.

Q : Quels sont vos points communs avec votre personnage ?

Emilie Dequenne : Je suis passionnée par le métier que je fais. Maintenant, je gère un peu mieux ma vie de famille.

Q : Avant ce film, quels étaient pour vous les films que vous connaissiez sur ce métier de pompier ?

Emilie Dequenne : aucun.

Q : Backdraft peut être ?

Emilie Dequenne : non, même pas.

Q : Quel entrainement ou préparation avez-vous pu avoir pour ce rôle aussi physique qu’intense ?

Emilie Dequenne :et bien sur le tas avec les pompiers. Physiquement, j’estimais que je n’étais pas à la hauteur et puis j’ai découvert que le plus important pour les pompiers c’était la volonté. J’ai travaillé ma volonté.

Q : Si vous deviez conseiller ce film à un spectateur que diriez-vous ?

Emilie Dequenne : c’est un film de cinéma ultra documenté. Certains diront que c’est un documentaire mais c’est pour moi quand on le voit en salle avec la bande son, mixage etc..c’est un blockbuster sur les pompiers avec une vérité que l’on ne trouve que dans le cinéma comme le font Pierre Jolivet, Lucas Belvaux.

Q : Quels sont les films qui vont ont le plus marqué récemment et pourquoi ?

Emilie Dequenne : qu’est ce qui m’a marqué le plus récemment. Bêtement, j’ai vraiment trouvé , je ne vais pas être très original, mais c’est un derniers films que j’ai vu au cinéma et cela date, c’était ce film d’horreur Get Out. C’est très bizarre mais j’y suis allé avec une copine et je ne savais pas de quoi parlait ce film et franchement c’était une belle surprise. J’ai trouvé cela réussi et dérangeant. Je m’attendais à un film d’horreur mais c’est plutôt une satire. Il y avait quelque chose de plus psychologique que cela et vraiment sociologique.

Q : Avez-vous regardé des films en particuliers comme par exemple L627 de Bertrand Tavernier pour ce rôle ?

Emilie Dequenne : j’aurasi pu mais non. Je n’ai pas regardé de films. J’aurais pu mais non parce que généralement mon outil de travail c’est vraiment le scénario, l’univers du metteur en scène et mon imaginaire et parfois par hasard en regardant un film ou une série mais c’est toujours au moment où je le fais où d’un coup il y a une rencontre et il y a un personnage où je me dis que cela peut me servir mais je n’ai pas de mémoire suffisamment encyclopédique pour me dire tiens tel film que tu as vu peut t’aider pour cela. J’ai une mémoire émotionnelle mais pas encyclopédique.

Q : Pouvez-vous parler brièvement de votre collaboration avec Albert Dupontel sur son nouveau film Au revoir la haut ?

Emilie Dequenne : brièvement Albert Dupontel c’est une rencontre merveilleuse. Ce qu’il a fait avec au revoir là haut c’est somptueux dans la mesure où c’est un roman de Pierre Lemaitre et pourtant c’est un vrai film d’Albert Dupontel. Pourtant je sais de l’auteur que celui-ci est ravi et il adore ce film. Malgré tout il a respecté l’univers de cet auteur mais il se l’est littéralement approprié. Le film est fabuleux et travaillé avec Albert Dupontel .. On m’avait dit qu’il allait être exigeant, il est dur. Franchement j’ai adoré travailler avec lui car c’est un bosseur et il n’est pas exigeant, il n’est pas travailleur, il est possédé par son film. Je n’ai jamais vu cela et c’est fabuleux.

Avec tous nos remerciements à Marie Queysanne pour cette belle rencontre et à Emilie Dequenne pour avoir répondu à nos questions.

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Synopsis:
Philippe, 45 ans, dirige une caserne dans le Sud de la France. L’été est chaud. Les feux partent de partout, criminels ou pas. Arrive Bénédicte, adjudant-chef, même grade que Xavier, un quadra aguerri : tension sur le terrain, tensions aussi au sein de la brigade... Plongée dans la vie de ces grands héros : courageux face au feu, mais aussi en 1ère ligne de notre quotidien.

Les hommes du feu
Un film écrit et réalisé par Pierre Jolivet
Avec Roschdy Zem (Philippe), Emilie Dequenne (Bénédicte), Michaël Abiteboul (Xavier), Guillaume Labbé (Martial), Grégoire Isvarine (Thomas), Guillaume Douat (Jules), Brian Messina (Sébastien)
Distributeur France: StudioCanal
Date de sortie: le 5 juillet 2017

Photos : Copyright 2.4.7. Films