Table-ronde - Catacombes – Notre discussion avec Ben Feldman

Par Mulder, Paris, Mandarin Oriental , 04 août 2014

 
 
Q : Qu’est ce qui vous a attire en premier lieu dans ce projet ? Avez-vous toujours eu envie de descendre dans les catacombes à Paris ou c’est l’envie d travailler avec certains réalisateurs, ou le script proposé qui vous a donné l’envie de faire ce film. 
 
Ben Feldman : pour ce film.. je commencerai à dire que je ne suis pas un fan des films d’horreur. Ceux-ci m’ennuient. Je ne sais pas pourquoi mais la plupart de mes amis qui sont plus class et cool que moi les apprécient. C’est juste que quelque chose à propos de ces films ne m’intéresse pas. Ce film n’est pas juste un film d’horreur. C’est «Indiana Jonesy, c’est Dan Browny. ». Il y a dans ce film certaines informations que l’on peut apprendre et une vraie recherche. Vous pouvez rentrer à la maison après avoir lu le script ou vu le film et utiliser Wikipédia pour approfondir ce que vous avez vu et cela a un part de vérité que cela soit l’histoire ou lié à un folklore. C’est ce que j’ai aimé quand j’ai lu pour la première fois le scénario. Il y a beaucoup à apprendre. Les personnages sont réalistes et sympas. Vous ne regardez pas uniquement des archétypes ni ne regardez le meilleur ami bien potelé. Ces  personnages sont comme de vraies personnes et vous êtes tristes quand quelque chose de terrible leur arrive
 
Q : Comment c’est de jouer dans un film dans un style found footage? Comment avez-vous approché le fait d’avoir une caméra attachée à la tête de quelqu’un d’autre ?
 
Feldman : Et bien je dois dire en quelque sorte que cela a été différent car il y avait des petites caméras. C’est différent des autres uniques méthodes de capture pour de nombreuses scènes. Mais, d’un autre côté c’est comme tous les autres films, il y a des décors, des couvertures, et vous devez regarder dans cette direction ou dans une autre. Ce fut intéressant. Cela vous permet de garder une sorte d'’engagement et d’excitation car cela fait nous sentir bizarre et vous force à tout mettre en œuvre car la caméra est imprévisible.  Vous ne savez pas quel plan peut être le suivant ni si la caméra vous suit. Vous ne pouvez pas téléphoner quand vous tournez un film comme celui-ci. Cela est vraiment marrant pour moi
 
Q : Je présume que vous ce rôle vous a demandé un entrainement physique
 
Feldman : Oui ma femme par exemple a vraiment un travail épuisant et travaille réellement dur. Je ne peux pas me plaindre à la fin de chaque jour. Simplement, on me maquille, je dis quelques mots et c’est cela mon travail pour la journée. Ce film est une exception à la règle parce que les jours de travail sont plus courts en France mais vous sentez réellement que vous avez mérité votre place dans les crédits (du film à à la fin de la journée. Vous passez toute la journée à hurler et sangloter et regarder les autres mourir, à vous trainer sur des pierres, vous êtes congelé, mouillé et couvert de sang et vous êtes claustrophobe. Vous avez l’impression d’être loin de votre salle de bain et du luxe. Donc oui, c’est fatiguant mais dans le bon sens. Vous sentez que c’est des journées de travail difficile et vous avez gagné le droit de vous plaindre à la fin de la journée. Ma femme n’est pas d’accord là-dessus.
 
 
Q : Certaines scènes du film m’ont donné un sentiment de panique, d’effroi notamment dans ces scènes dans l’obscurité dans lesquelles vous ne voyez rien et soudain quelque chose arrive ? En qualité de comédien, paniquez- vous réellement ? Avez-vous eu réellement peur, avez –vous été réellement effrayé dans ces profondeurs ?
 
Feldman : pas forcément. Je ne crois pas aux fantômes et autres faits supernaturels, ainsi il n’y a pas eu une vraie angoisse. Je pense que je suis nettement plus anxieux de me perdre. Je veux dire c’était comme un labyrinthe. C’était comme un impressionnant labyrinthe et si vous arrêtez de suivre quelqu’un pour une seconde, vous pouvez potentiellement vous perdre pendant des jours. Cela en effet me terrorise. C’est une sensation de claustrophobie, c’est sombre et petit mais je ne veux pas que quelqu’un ait paniqué. Je ne pense pas que quelqu’un a eu une crise importante de claustrophobie. Mais oui eu égard à vos questions, quand j’ai vu le film j’ai pensé que les choses les plus attrayantes à propos de celui-ci c’est que l’angoisse n’est pas continue. Ce n’est pas constamment « BOUH BOUH BOUH ». vous ne vous faites pas violemment attaqué, c’est plutôt cet état d’anticipation de ce qui peut arriver qui vous maintient constamment dans un état consistant de panique tout le long du film. C’est cela que j’ai apprécié particulièrement dans ce film.
 
Q : Qu’avez-vous réellement apprécié à propos de l’histoire et de la mythologie ?
 
Feldman : et bien quelqu’un m’a demandé avant le film ce que je pensais de cet endroit et si j’étais excité. Je ne m’accorde jamais trop de pensée à propos de cela. Nous avons réellement passé un été entier avec un rythme rapide à apprendre à propos de l’histoire du Paris du dix-huitième siècle. Je n’aurai jamais pensé d’où pouvait venir le calcaire de Notre Dame. Maintenant je suis pleinement attentif d’où il peut venir. Apprendre plein d’autres choses en général et de cette manière  cefut réellement passionnant et sympa. Je suis sorti de mes habitudes et commençais à délirer : je me suis même mis à chercher sur google avant le tournage.  Ce fut une parfaite immersion et très sympa à faire. C’est ce qui est bien dans ce film, ce n’est pas juste une maison hantée avec des fantômes dans laquelle des comédiens courraient et hurlaient. Il y a de vrais faits et vous pouvez aller voir et continuer à apprendre et comprendre à propos de cela et potentiellement avoir peur longtemps après avoir regardé ce film.
 
Q : Est-ce que c’est une des joies du métier d’acteur le fait que vous pouvez être une sorte de compagnon à travers différents thèmes d’intérêt?
 
Feldman : Oui. Quand je tourne en dehors de la ville, j’ai ma propose équipe et ils ont l’habitude de m’appeler le chef de l’équipe. Souvent, les comédiens sont ennuyeux et ils patientent dans leur chambre d’hôtel. Ils vont à la gym, passent des commandes de leur chambre et c’est tout. Je suis plutôt comme ceux qui voient qu’un restaurant vient d’ouvrir et je fais une réservation pour nous et nous y allons. Ce musée, cette exposition est uniquement là pour un seul jour. Je suis ce type de personne. Si vous voulez être cet homme, c’est la plus grande occasion dans le monde pour être un comédien et tourner à l’extérieur. C’est juste trop sympa. Mais oui, c’est une de mes choses préférées. Pour ce film, j’ai habité à Paris pour deux mois, ce fut une des choses les plus cools que l’on puisse espérer.
 
 
Q : Où avez-vous dîné hier soir ?
 
Feldman : Vous savez ce qui est marrant ? Tout ici est fermé car on est au mois d’août. Cela craint, je cherchais pour le restaurant pour lequel je voulais aller l’été dernier et je n’ai pas pu y aller parce qu’il était fermé et sûrement aussi pour tout le mois d’août. Mon autre restaurant préféré, Frenchie, est fermé également car ils sont en rénovation. Je crois bien que j’ai dépensé tout ce que j’avais l’été dernier à Paris en nourriture et alcool parce que c’était bon marché.
 
Q : Mais ce film n’a t’il pas changé votre attitude générale envers les films d’horreur ?
 
Feldman :  non. Mais celui-ci en particulier, je jure que ce n’est pas simplement des balivernes pour la presse, dites à vos amis d’aller le voir. C’est vraiment un film sympa. Mais sinon non, je n’irai pas voir d’autres films d’horreur
 
Q : Les derniers épisodes de Mad men ont été tournés. Est-ce que le personnage Michael revient finalement ?
 
Feldman : Je ne suis pas autorisé à en parler. On m’a déjà posé la question avant. C’est comme un camp de survie sur comment éluder des questions constamment. Je ne peux parler que ce qui a été tourné et diffusé.
 
Q : quelle série incroyable ! Quelle intrigue passionnante pour une série. Je pense que c’est maintenant le moment de partir ?
 
Feldman : Cela a été surréel de rejoindre une de mes séries préférées. Autant de séries de qualité à la télévision The Wire, The sopranos et quelques autres. Elles sont les meilleures. Il y a maintenant True detective. Mais, traverser un tel monde fut une expérience folle et impossible à décrire à quelqu’un qui n’a pas été suffisamment été chanceux. Je ne le comprenais pas avant. J’ai déjà été dans des shows que je regardais mais je n’avais jamais pu marcher dans un monde pour lequel j’étais tombé amoureux. Cela a emporté mon esprit, ce fut dément, ce show me manque. J’aime faire des choses pour lesquelles je suis autorisé à en parler à la presse.
 
 
Q : Je suis vraiment intéressé au processus de filmer un film en found footage. Comment vous êtes-vous préparé  pour ce genre de film, quand saviez-vous que vous deviez parler à la caméra, quand saviez-vous que vous deviez faire certains choses que vous n’aviez pas à faire quand il s’agit d’un film traditionnel ?  Est-ce quelque chose à laquelle vous pensez dans un premier temps ou plutôt vous vous dites que c’est bien parce qu’il y a un travail d’improvisation ? Quel est votre ressenti ? 
 
Feldman : Je pense que l’unique réelle différence entre un bon et un mauvais jeu est que le bon raconte la vérité, l’écoute et le reproduit. C’est cela. S’il y avait une manière d’enseigner cela, chacun pourrait être le meilleur acteur au monde. Mais cela est difficile à faire. Je pense que lorsque vous faites un film comme celui-ci dans lequel il s’agit de found footage, vous devez être réaliste tout le temps. Vous devez penser et raconter la vérité et parler comme votre personnage et à chaque fois la caméra vient autour de vous et vous filme entrain de joue. Vous ne pouvez donc pas tricher sur votre jeu. C’est un vrai camp d’entrainement pour un comédien. C’est vraiment sympa et cool à faire. J’ai eu beaucoup de plaisir à le faire.
 
Q : Comment définiriez vous le fait de jouer afin d’être réel au lieu par exemple de jouer dans la série Mad men? Est-ce différent ? Pouvez -vous le décrire ?. 
 
Feldman : Bien je dirais que le deux sont réels. Ce sont des différents moyens de locomotion pour la même chose, ce que  j’espère signifier être bon dans ce que vous faites, comme je l’ai dit, c’est juste dire la vérité. J‘ai rencontré certaines difficultés avec la série Mad Men ; l’accent,  les vêtements ridicules, une moustache étrange et d’autres choses comme cela. Mais, vous n’avez qu’à vous faire votre voie à travers ses obstacles et inévitablement raconter la vérité. Aussi, il y a certains aspects stylisés dans la série Mad men même jusqu’au dialogue et la manière dont est écrite la série. Même si vous n’essayez pas d’être stylisé, la série est construite de cette manière, comme une musicalité.  Dans ce film, ce n’est pas le cas. Ce sont des squelettes. C‘est réel et à tous les moments vous devez réagir aux évènements même si ils ne sont pas nécessairement scénarisés. Vous devez constamment être totalement engagé et à l’écoute et de nouveau dire la vérité. Faire cela en hurlant est difficile
 
Q : Y a-t-il des avantages à interpréter un rôle dans une série comme Mad Men et quand vous n’êtes pas Don Draper ? Il semble y avoir une réelle séparation entre acteur et personnage. Pensez-vous que c’est important de l’avoir ? Tout le monde va connaître votre travail pour la série Mad men, mais en même temps les spectateurs vont suivre vos autres rôles aussi bien. Ils ne vont pas constamment chercher pour Michael Ginsberg
 
Feldman : oui, je pense avoir eu de la chance. Je veux dire que je ne peux pas parler pour tous de Mad Men. Je pense que dans une des premières scènes de tournage pour cette série, Aaron Staton (qui joue Ken Cosgrove) et moi étions dans un bar pour savoir comment la série a choisi son casting. Il m’avait répondu, Matt ne choisit pas seulement des comédiens pour jouer des parties, il trouve des personnes qui ont sensiblement le même caractère dans la vie réelle, je suis simplement ce personnage. J’avais répondu que j’interprétais une personne lunatique et dérangée. Il m’avait répondu tu verras. Il avait absolument raison, à la fin de la série j’étais devenu ce personnage, un type névrotique bizarre. Donc, il y a quelques-unes de mes facettes dans ce personnage. D’une autre manière, ce rôle est très loin des autres personnages que j’ai joués. C’est vraiment bien que chacun puisse voir cela car finalement, quoi que je fasse, la prochaine fois, les gens diront au mon Dieu si différent du rôle de Ginsberg. Je n’arrêterai jamais d’essayer, faire tout mon possible pour montrer que je possède une véritable palette de jeu.
 
 
Q : Y a t’il un intense sens de communion avec un film tel celui-ci ? Le casting est petit mais vous êtes tous passés par des épreuves physiques et émotionnelles. 
 
Feldman : oui, pour de nombreuses raisons. Je veux dire que géographiquement on est tous très loin de notre maison. Personne n’est réellement où il habite. Ainsi, c’est comme un camp d’été. Quand vous tournez à l’extérieur, il y a comme une sorte de camaraderie familiale que vous n’avez pas quand vous tournez à Los Angeles. Ainsi, il y a cela. Il y a aussi le fait que vous êtes sous terre, loin de toute sorte de confort et de lue. Vous êtes dans des caves étroites  et donc cela vous pousse à avoir un relationnel étroit avec les autres membres. ll y a aussi un aspect émotionnel, quand vous criez et courrez pour votre vie. Donc oui, c’est une  parfaite tempête. Si quelqu’un dans le casting arrêtait, cela aurait été un désastre. Mais avec le casting ce fut cool, on a été très chanceux. 
  
 
Q : Pensez-vous qu’il y a des rôles qui restent plus en mémoire que d’autres?  Pourriez-vous en citer l’une d’entre elle ?
 
Feldman : Oui, bien sûr, j’ai passé l’été à Paris et à tourner dans des anciennes caves. Chaque aspect de cette entière expérience est certainement mémorable. Comme un extrait de conversation, il y a rarement un rôle avec lequel je reviens chez moi finalement et chacun de mes amis veut m’entendre parler de moi . Pour un narcissiste c’est fantastique. C’est comme revenir à la maison et raconter pour toujours comment se sont passés mes vacances à Paris. Parce que c’est réellement étrange, ce sont des choses bizarres que personne ne fait. C’est certainement mémorable.
 
Q : Quoi d’autres comme évènements marquants ?
 
Feldman : De mémorables expériences dans les shows ? Vous savez c’est amusant, je me souviens des places très bien et chacune a ses propres. Je parlais de Vendredi 13 à une autre table ronde, je me souviens de la ville d’Austin et particulièrement parce que certaines personnes du casting sont devenus mes meilleurs amis. C’était il y a longtemps mais pour une raison inconnue nous sommes restés meilleur amis. Je me souviens avoir tourné à Boston et Toronto. Je me souviens d’endroits je pense parce que je délire en voyage. C’est ce que je garde avec moi je présume. Ainsi vivre à Paris pour deux mois, fut mémorable
 
 
Q : Y a til certains endroits où vous aimeriez travailler et dans lesquelles vous n’avez pas eu encore l’opportunité de le faire ?
 
Feldman : J’ai toujours voulu aller dans la jungle comme l’Amazonie. Plus c’est loin, mieux c’est. Je serai heureux de pouvoir travailler quelque part en Asie. Vous savez, j’ai fait un film qui se passait dans un avion, un avion qui fonctionnait avec des passagers qui n’avaient pas peur de nous voir tourner ce film dans leur avion. Nous avons tourné cela jusqu’à Sydney et nous sommes revenus. Ainsi, ma seule expérience en Australie fut une journée et un matin à Sydney et ensuite on est revenu. Nous avons fait la même chose pour Londres et puis Dallas. Ce fut une de mes plus mémorables expériences. Attendez quelle était votre question ? Donc, oui j’aimerais revenir en Australie et étrangement aussi New York. Je n’ai travaillé qu’un mois à New York et c’est ma ville préférée, je serai capable de mourir ne serait ce que pour faire quelque chose de sympa. J’aime les villes, toutes les villes du monde. Je suis content de marcher hors de ma caravane et être en plein milieu d’une zone métropolitaine.
 
Q : vos projets ?
 
Feldman : c’est une série qui s’appelle de A à Z et qui sera diffusé aux Etats-Unis en octobre. Je ne sais pas si cela fonctionnerait ailleurs. C’est une série NBC et c’est drôle et adorable et le casting est vraiment cool. Une fois que ce film sera sorti, cela sera mon prochain projet.
 
 
Avec tous nos remerciements à Florence Debarbat et à l'agence Kamden Media
Un grand merci également à Noodles et Tootpadu pour leur aide précieuse et leur excellent travail
Propos recueillis par Mulder
Traduction: Mulder