Table-ronde - Catacombes – Notre rencontre avec Perdita Weeks

Par Mulder, Paris, Mandarin Oriental , 04 août 2014

 
 
Q: Pratiquement tout le film a été tourné dans les catacombes. C‘est une idée réellement terrifiante
 
Perdita Weeks: La chose avec laquelle j’ai eu le plus de difficultés c’est que le film a été tourné à l’entrée des catacombes, la scène dans laquelle la police intervient et que nous devons nous précipiter dans ce trou. Je ne plaisante pas quand je dis cela, j’étais du genre «  vous ne pouvez pas être sérieux, vous n’espérez pas que je vais aller là-dedans ! ce n’est pas assez grand, je suis trop petite et cela va être périlleux ». C’était un terrier de lapin dans lequel nous sommes allés ramper. Ils attendaient à mettre trois de nous dans cet endroit : Ali, François et mois. Marion voulait réellement y aller (même un peu trop). Mais dans la pièce principale, il y avait vingt-cinq personnes avec des lampes, et qui portaient des affaires, du café et du thé dans ces caves mystérieuses, et c’est devenu presque comme une  seconde maison. Quand nous sommes revenus un mois plus tard pour faire des prises en plus, ce fut bizarre de retourner de nouveau dans cet endroit. Mais comme c’était avec les personnes, c’était devenu sympa comme un retour à la maison. Nous nous étions habitués à l’odeur, cette senteur particulière 
 
Q: Avez-vous fait des recherches pour votre personnage ? Votre personnage est une clone de  Lara Croft/Indiana Jones, une scientifique aventurière.
 
Weeks: Oui, c’était un peu déstabilisant, la recherche d’être bien documenté sur l’alchimie. Je disais, « s’il vous plaît ne me testez pas sur cela » parce  ce que cela rentrait par une oreille et sortait par l’autre. C’est une chose formidable avec ce métier, vous avez à apprendre au sujet de plein de choses. Mais vous devez aussi préparer un historique à votre personnage en justifiant pour quelle raison elle est dans la première scène. Ce fut une idée brillante et fascinante la manière qu’ils ont mis en scène le lien entre la pierre philosophale et les textes sacrés qui l’encadraient. C’est ce que je recherche dans un film. J’aime tous ces films fantastiques, tous ces éléments qui viennent dans le dénouement et donnent un sens, quand les faits fonctionnent dans la vie réelle. Ce film délivre réellement ce sentiment.
 
Q: Comment vous êtes-vous préparé  pour l’aspect assez « scream Queen » de votre rôle, à être dans un film d’horreur intense?
 
Weeks: Cela n’a pas été différent des autres rôles, réellement. J’essayais juste d’arrêter de ne pas fumer trop de cigarettes sur le plateau afin d’avoir ma voix actuelle. J’avais déjà fait un film d’horreur avant. Cela a été la chose la plus pénible que vous pouviez faire à cause de la manière dont cela a été tourné.  Nous tournions des scènes en continue, dix à quinze minutes quelques fois. Nous tournions ces scènes encore et encore, c’est devenu plus une sorte de théâtre. C’est une manière brillante de faire cela. C’est nettement plus réaliste et cela fonctionnait. Cet aspect found footage a rendu le projet intéressant pour tout le monde. Quelques fois nous finissions une scène et chacun d’entre nous allait s’asseoir derrière le moniteur en disant « oh mon Dieu ». Particulièrement pour la scène dans le tunnel rempli d’os : nous en pleurions et nos maquillages dégoulinaient. C’était un éprouvant roller coaster pour chacun d’entre nous, cette scène avec Edwin était tellement dingue. C’était fatiguant mais la chose principale est que nous tenions à ce que personne n’en tombe malade.
 
 
Q: Nous venons d’apprendre que dans certaines scènes vous appréhendiez ce qui arrivait pour la première fois. Celles-ci n’étaient pas préparées.
 
Weeks: Ils adoraient faire cela. Il y avait beaucoup de choses que nous n’avions pas le droit de voir. Nous étions écartés de certains aspects, ainsi quand nous voyons les choses pour la première fois, nous les expérimentions aussi pour la première fois. C’est très utile. Les plateaux étaient tellement formidables. Beaucoup des aspects de la production étaient tellement extraordinaires que cela devenait réellement sympa. J’avais juste à crier parfois.
 
Q:  Est ce vrai que vous avez dû vous battre pour décrocher ce rôle Il y a eu deux différentes cassettes d’auditions pour le rôle ?
 
Weeks: oui je pense que la première était tellement mauvaise. J’ai demandé à ma mère et à mon petit ami pour la faire. Il est mauvais avec la technologie et ne savait pas comment faire donc la vidéo a été complètement ratée au niveau de la mise au point. J’étais également blonde, complètement blonde à ce moment là. Ainsi,j’ai interprété cette scène dans ma ville et ils ont demandé une cassette, on leur a donc envoyée. Après cela, j’ai dû le refaire à Londres avec le directeur de casting. Cela s’est enchaîné ensuite : deux à trois semaines plus tard après avoir envoyé ma première cassette vidéo, j’étais à Paris. Les frères Dowdles sont venus et nous avons passé un bon moment avec la caméra. J’ai appris que j’avais le rôle.
 
Q: Savez-vous combien d’autres personnes ils ont approché pour ce rôle ?
 
Weeks:  Et bien, je n’en ai aucune idée. Je ne comprenais pas ce qui arrivait et pourquoi cela allait aussi vite. A la base, quand j’ai rencontré Ben à Paris la seconde fois, parce que la première était celle du test vidéo, nous avons commencé à tourner, Il m’a dit que tous ses amis étaient venus pour lui. Tout le monde voulait savoir qui j’étais. Cela m’a un peu terrifié. Quand mes amis de Londres se sont renseignés, ils ont dit qu’ils avaient aussi été prévenus. Je ne le savais pas à ce moment-là, Dieu merci ! Ce fut comme une surprise qui est venue de nul part
 
 
Q: Comment cela a t’il changé votre approche de jouer dans un film de found footage dans lequel la camera est basiquement quelqu’un a qui vous pouvez parler et interagir ?  Cela semble plus complexe.
 
Weeks: c’est le cas effectivement, je n’avais jamais fait cela auparavant. Je ne vois pas Scarlett avoir autant d’interaction avec Benji. Cela a été très difficile dans certaines scènes car il devait être toujours là pour délivrer son texte. Mais il n’était pas celui qui tenait la caméra, Léo, le directeur de la caméra la tenait. Mais en général, je lui parlais et quelquefois il me répondait. Pour Léo, cela fut comme une répétition, c’était si amusant. Il était tellement dedans. Cela a été très utile pour nous qu’il commence à jouer comme Benji même si l’autre Benji était là. Par exemple quand nous rentrions dans la cave où nous trouvons la pierre nous nous enlaçons, c’était avec Léo. Ce fut spécial et amusant à la fois. Nous avions des lampes qui aveuglaient les yeux d’un autre. Ces caméras sur nos têtes étaient si lourdes, ces casques avec un gros truc dessus ! J’ai dû porter un protège cou. Si je faisais un faux mouvement, j’aurai pu me casser le cou. Mais quelquefois cela fonctionnait. Cela semblait très réel, une fois que nous avons pris l’habitude d’avoir Léo comme caméraman. Il faisait réellement parti de l’aventure. Vous êtes dans un espace réel avec des personnes, à ce moment, qui se souciaient de vous, c’était réellement facile. Nous étions juste autorisés d’aller, de faire que cela et de voir ce qui allait arriver.
 
Q: Votre personnage est très ambitieux, même trop. Est-ce quelque chose avec lequel vous êtes familier en tant que personne et actrice ?
 
Weeks:.Non, c’est comme je le disais un des aspects de Scarlett qui n’est pas du tout le mien. Je ne veux pas mettre la vie de personne en danger pour réussir. Donc non, ce fut réellement plaisant à jouer quelqu’un qui a une très forte motivation pour toutes les choses. Cela justifie chaque trait de son comportement. C’est bien quand vous avez quelque chose de précis pour travailler avec  
 
Q:  Les choses qui arrivent aux personnages dans les catacombes en s’approchant de l’enfer c’est juste réelle ou un élément fantastique ? Quand vous avez lu le scénario, avez-vous une idée de ce qu’allait être le film ?
 
Weeks: C’est une bonne question. Ces personnes sont mortes. Elles ont disparues. Mais plus je passais de temps sur le plateau, plus cela n’importait plus. Il y a un élément fantastique que j’aimais particulièrement. Chacun en a sa propre interprétation. Malgré toutes ces personnes ne sortent pas par une autre sortie. Elles sont perdues. C’est à cause de leurs pêchés qui étaient les pires et qu’ils ont ravalé si profondément qu’ils n’ont pas été capables de s’échapper. Je pense que c’est un film plus intéressant et efficace si vous n’expliquez pas cela. C’est plus ouvert à l’interprétation de chacun. Cela ouvre la porte « mais qu’arrive t’il ensuite ». Avec les éléments inquiétants qui arrivent autour de Scarlett , tout peut arriver.
 
 
Q: J’aimerais savoir si vous avez tourné dans l’ordre chronologique votre film ? Est-ce que la scène dans laquelle vous sortez des catacombes a été tournée le dernier jour ?
 
Weeks: Je ne me rappelle pas si cela a été tourné le dernier jour. Je pense que cela a été l’avant dernier jour.  Le dernier jour fut la scène avec le piano. Nous avions fait pas mal de choses à ce niveau. C’était bien. Nous avons passé beaucoup de temps en studio. Toutes les choses délicates ont été faites en studio les deux dernières semaines. C’était une très belle scène. Ce fut un endroit fabuleux pour filmer. Je ne pouvais pas y croire. Nous tournions cette scène un vendredi soir et pour une raison particulière une partie était organisée sur les quais de Seine. Il y avait des centaines d’adolescents buvant et jouant de la musique. J’étais couverte de sang. J’avais des feuilles de papier pour me tenir chaud (qui sont donnés aux coureurs de randonnées). Ben était coupé de partout. Nous paraissions étranges. C’était la plus bizarre des places. C’était absolument extraordinaire. Il y avait Notre Dame.  Ici nous sortions par cette bouche d’égout. Je me suis pratiquement foulée le bras à faire cela. Ce fut un grand moment
 
Q:  Vous avez mentionné ce qui arrive ensuite. Il y a toujours la possibilité que cette sortie à l’envers de Paris est en effet l’enfer lui-même.
 
Weeks: C’est définitivement une question pour John et Drew qu’ils adoreront. Actuellement, c’est l’enfer. J’aime toutes ces choses de tirer les traits. C’est une bonne question pour eux. C’est ce qu’ils veulent.
 
Q: Pouvez-vous nous parler un peu de votre travail avec Ben ?
 
Weeks: Ce fut une relation très franche avec Ben. Nous pouvions passer nos journées à s’enchaîner l’un à l’autre. Je veux dire que je l’adore. Il est génial. Il est l’un des plus drôles que j’ai jamais rencontré. Ce fut vraiment sympa. Nous avons des méthodes différentes. Ce fut si sympathique de travailler avec lui. Il est un tel professionnel et très drôle. Les blagues étaient absurdes. Nous étions couverts de sang et il était justement entrain de blaguer avant cette scène si sérieuse. Ce fut brillant et notre connivence est visible dans le film. Nous avons eu une relation de travail très simple. Cela nous a beaucoup aidés.
 
 
Q: Je suis curieux, comment se passait une journée de tournage dans les catacombes ?  Est-ce que vous alliez ici et là et reveniez après à la fin de la journée ? Y avait il une sorte d’extra trou ?
 
Weeks: Le film a été tourné dans peu d’endroits différents. L’endroit que nous avons le plus utilisé est celui de Cochin. Je ne sais pas si quelqu’un vous a dit que l’entrée était située en dessous de cet hôpital. Ainsi, les jours où nous tournions, tout couvert de sang, nous devions sortir et passer devant le service d’urgence et ces gens étaient tellement épuisés. J’espère que quelqu’un a pu prendre une superbe photo de nous patientant à l’hôpital avec l’air que nous avions réellement besoin d’y être. Nous descendions le matin et remontions pour le lunch. Il n’y avait aucune salle de repos en dessous. Nous avions réellement besoin de courir parce que cela prenait au moins quinze minutes pour remonter. Mais ce n’était pas si mal. On s’habituait à cela après un certain temps
 
Q: Etes-vous intéressée par l’histoire des catacombes?
 
Weeks: oui, absolument. Nous avions un expert des catacombes qui était content de répondre à nos questions. Ce fut extraordinaire de trouver qu’il y avait des carrières de calcaire pour construire le Louvre. Je n’en avais aucune idée. J’avais quelques informations sur les catacombes. J’ai récemment lu un livre sur comment celles-ci ont été créées. C‘est en partie une fiction mais c’est très intéressant. Un tel endroit pourtant qui reste si peu visité. Etes vous déjà allé à cet endroit ou les os sont empilés  Vous avez un tunnel rempli de fémurs, un tunnel de tibias et les squelettes. C’est vraiment bien conçu par devant mais derrière c’est juste poussiéreux et discordants.
 
 
 
Avec tous nos remerciements à Florence Debarbat et à l'agence Kamden Media
Propos recueillis par Mulder
Traduction: Mulder