Sorties-Cinema - Kursk : du livre de Robert Moore au film de Thomas Vinterberg..

Par Mulder, 06 novembre 2018

« De toutes les familles qui composent les forces armées, aucune ne fait preuve d’autant de dévouement et n’affronte autant de périls que les sous-mariniers. » - Winston Churchill

« Chaque année, à la date du 12 août, sur tous les navires des quatre Flottes russes comme dans l’ensemble des bases navales du pays, de Vladivostok à Kaliningrad en passant par Mourmansk et Sébastopol, officiers et marins au garde-à-vous observent une minute de silence. Dans de nombreuses garnisons, un prêtre orthodoxe dit des prières, des effluves d’encens parcourent l’air et des cantiques s’envolent vers le ciel. Ce jour-là, la croix de saint André bleue sur fond blanc de la Marine russe est en berne. Loin des regards, sous la surface des mers russes ou d’océans plus lointains, les sous-mariniers se fi gent également à leur poste en mémoire de leurs camarades disparus. La messe du souvenir la plus émouvante se déroule à Saint-Pétersbourg, le célèbre port de la Baltique dans lequel bat le coeur de la Marine russe depuis la création de la ville en 1703. Au cimetière Serafi movski, les familles des marins morts se soutiennent mutuellement. Des enfants se recueillent devant les tombes de pères qu’ils n’ont pas connus, ou dont ils se souviennent à peine. Les veuves et les mères déposent des roses rouges sur les pierres tombales. » Robert Moore

Le 10 août 2000, le Koursk – sous-marin de deux fois la taille d’un Boeing 747 et d’une surface égale à celle d’un terrain de football, fleuron « insubmersible » de la flotte du Nord russe – appareille pour prendre part à des manœuvres en mer. Celles-ci, d’une ampleur sans précédent depuis dix ans, réunissent trente navires de surface et trois sous-marins. Le surlendemain, deux explosions internes, si puissantes qu’elles sont enregistrées par des sismographes jusqu’en Alaska, envoient le Koursk au fin fond des eaux arctiques de la mer de Barents. Au moins vingt-trois des cent dix-huit hommes d’équipage réchappent aux flammes. Durant les neuf jours qui suivent, le monde entier est en émoi tandis que les opérations de sauvetage échouent et que l’aide internationale est écartée. Le sort des marins à bord est en jeu. L’ouvrage du journaliste Robert Moore A Time to Die: The Untold Story of the Kursk Tragedy dissèque scrupuleusement les différentes expertises scientifiques ainsi que chaque instant des dernières heures déchirantes des sous-mariniers condamnés.

Attiré par cette histoire saisissante, le scénariste Robert Rodat, nommé aux Oscars pour Il faut sauver le soldat Ryan, a adapté pour l’écran l’enquête de Robert Moore en se focalisant sur le drame de ce récit très humain. Tout aussi méticuleux que le matériau d’origine, Robert Rodat a sollicité les services du capitaine David Russell, qui a conduit la mission de sauvetage du Koursk pour la Royal Navy et a également contribué aux recherches de Robert Moore. David Russell est ainsi devenu consultant sur Kursk, dont il est aussi l’un des personnages principaux sous les traits du comédien britannique Colin Firth, Oscar du meilleur acteur pour Le Discours d’un roi.

« Le film est fidèle au livre à bien des égards et présente une description très précise des événements tels que je les ai vécus, déclare David Russell. Il se devait de l’être, car il s’agit de faits historiques communément admis. Ce n’est pas un documentaire, donc il prend quelques libertés. Mais il reste fidèle à l’esprit du livre. Et le livre est lui-même fidèle à la réalité. En ce sens, c’est une vision très juste, même si artistique, de ce qui s’est réellement passé. »

« Je ne connaissais que très superficiellement la tragédie du Koursk, se souvient Thomas Vinterberg, le réalisateur. Mais la chose qui m’était restée de la couverture médiatique, c’était ces coups frappés contre la coque du Koursk. Ces appels au secours. » Cofondateur du mouvement danois Dogme 95 et réalisateur de films tels que Festen ou La Chasse, Thomas Vinterberg initie généralement ses projets et signe lui-même ses scénarios. « Kursk était une invitation de son interprète principal, Matthias Schoenaerts, avec qui j’avais travaillé sur Loin de la foule déchaînée. Il m’a demandé de lire le scénario et, l’imaginant dans le rôle principal, ça m’a semblé tout à fait cohérent. » « Le scénario de Robert Rodat était brillant en soi, poursuit Vinterberg, et faisait écho au thème universel du temps qui vient à manquer – auquel nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre. Le film touche évidemment à des questions politiques et contient une belle histoire d’amour. Mais c’était surtout une occasion essentielle de parler du temps qui s’enfuit. Il y a de la bravoure dans la façon dont ces gens font face au fait de devoir dire adieu. J’ai trouvé ça déchirant et magnifiquement dépeint dans le scénario. Après l’avoir lu, je n’ai jamais douté. »

Le défi, pour Thomas Vinterberg, a ensuite été de s’approprier cette histoire : « Robert Rodat, qui a écrit chaque mot du scénario, s’est efforcé de chercher la vérité de cette histoire, souligne-t-il. Ce qui est un vrai challenge, car personne ne sait exactement ce qui s’est passé. Ils sont tous morts. Nous nous sommes donc entourés d’autant d’experts que possible. Ensuite, il y avait le défi de faire un drame. Le personnage principal, par exemple, n’avait en réalité pas d’enfants. Dans le film, il a un enfant et un second est en route. On a voulu dresser le portrait de chacun des marins du Koursk et des soixante et onze enfants qu’ils ont laissés derrière eux. On a donc combiné tout ça. »

Nous avons eu la chance de découvrir le livre de Robert Moore disponible depuis le 31 octobre aux éditions l’Archipel et nous avons hâte de découvrir le film de Thomas Vinterberg. On retrouve au casting de ce film un casting international avec Matthias Schoenaerts (Mikhail Kalekov), Colin Firth (David Russell), Léa Seydoux (Tanya Kalekov), Michael Nyqvist, Max von Sydow, August Diehl, Matthias Schweighöfer et Peter Simonischek. On retrouve au poste de producteur délégué notre réalisateur français préféré Luc Besson.

Notre critique sera en ligne le vendredi 9 septembre.

Synopsis :
Kursk relate le naufrage du sous-marin nucléaire russe K-141 Koursk, survenu en mer de Barents le 12 août 2000. Tandis qu’à bord du navire endommagé, vingt-trois marins se battent pour survivre, au sol, leurs familles luttent désespérément contre les blocages bureaucratiques qui ne cessent de compromettre l’espoir de les sauver.

Kursk
Un film de Thomas Vinterberg
Sur un scénario de Robert Rodat, d'après le roman A Time to Die de Robert Moore
Casting : Matthias Schoenaerts (Mikhail Kalekov), Colin Firth (David Russell), Léa Seydoux (Tanya Kalekov), Michael Nyqvist, Max von Sydow, August Diehl, Matthias Schweighöfer et Peter Simonischek. On retrouve au poste de producteur délégué notre réalisateur français préféré Luc Besson.
Photographie : Anthony Dod Mantle
Décors : Thierry Flamand
Direction artistique : Virginie Hernvann
Montage : Valdís Óskarsdóttir
Post production : Mélodie Stevens
Musique : Alexandre Desplat
Production : Ariel Zeitoun
Coproduction : Fabrice Delville
Production déléguée : Luc Besson, Lisa Ellzey et Thomas A. Giovine
Production exécutive : Laurent Hanon et Clément Sentilhes
Sociétés de production : EuropaCorp, Belga Productions et VIA EST
Durée : 117 minutes
Dates de sortie :7 novembre 2018

Photos : Copyright Mika Cotellon